Les premiers travaux de pompage d’une vaste poche d’eau située sous un glacier du massif du Mont-Blanc, qui menaçait d’inonder une vallée, vont s’achever la semaine du 11 octobre en raison de l’arrivée du froid, a-t-on appris lundi auprès des autorités locales.
"Le mauvais temps, la neige, le risque d’avalanche arrivent. On ne va pas faire prendre des risques humains aux équipes sur place", a déclaré à l’AFP le maire de Saint-Gervais (Haute-Savoie) Jean-Marc Peillex, précisant que le chantier, situé à plus de 3.000 mètres d’altitude, allait être "démonté".
La poche d’eau, dont l’existence a été établie par des études du CNRS, mesure 65.000 mètres cubes et se trouve sous le glacier de Tête-rousse, situé sur la voie normale d’ascension du Mont-Blanc et fréquenté par de nombreux touristes.
L’interruption pour l’hiver des travaux de pompage intervient alors que "le risque de catastrophe s’est éloigné", précise le maire.
Depuis le 26 août, "près de 45.000 m3" d’eau ont été pompés, soit 70% du volume total de la poche permettant de faire baisser la pression de près de 8 bars mesurés en juillet à 1,5 bar actuellement, ajoute-t-il.
La cavité va continuer à se remplir d’eau mais certainement moins qu’en été grâce au gel qui diminuera l’infiltration.
Au printemps 2011, un nouveau forage devrait être effectué pour mesurer le volume de la cavité et "voir à quelle vitesse elle se remplit", a précisé M. Peillex.
Pendant l’hiver, les responsables du chantier vont réfléchir à "un moyen pérenne" "permettant une purge naturelle de l’eau du glacier", a-t-il ajouté.
Parmi les hypothèses envisagées, figure celle de creuser "un drain subhorizontal" permettant à l’eau de s’évacuer normalement.
Par ailleurs, les dernières mesures ont permis d’établir que l’unique partie de la poche localisée précisément mesure près de 40.000 soit 15.000 m3 de plus que ce qui était initialement envisagé.
Une deuxième campagne de mesures réalisée du 25 au 27 septembre doit permettre de localiser les 25.000 m3 manquants et "préciser s’ils représentent ou non un danger", selon M. Peillex.
Les travaux, évalués à plus de 2 millions d’euros, subventionnés à 80% par l’Europe et l’Etat, sont destinés à éviter que la poche d’eau ne se déverse dans la vallée de Saint-Gervais. En cas de rupture, elle pourrait s’écouler en 15 à 30 minutes et près de 3.000 personnes "pourraient être concernées", selon le maire.
En 1892, l’explosion d’une poche d’eau similaire avait provoqué ce que les géologues nomment une "lave torrentielle", mélange d’eau, de graviers, de rocs, de terre et d’arbres, qui s’était répandue dans la vallée et avait tué 175 personnes.
AFP - le 6 octobre 2010