Trains : des radars pour renforcer la sécurité sur les passages à niveau

Réseau ferré de France va expérimenter, dès 2015, un nouveau système de détection pour repérer les véhicules bloqués sur des passages à niveau. Objectif : réduire le risque de collision de 80 % à 90 %

Mieux protéger les passages à niveau, c’est l’objectif de Réseau ferré de France (RFF). Le gestionnaire du réseau ferroviaire va expérimenter un système de détection de véhicules bloqués sur les voies ferrées aux passages à niveau. Selon nos informations, confirmées par l’entreprise, le nouvel outil composé de différents types de radars permettra de détecter camions, voitures et motos.

« Quand une masse est repérée sur les voies, un signal est envoyé au conducteur du train, détaille-t-on chez RFF. Il aura alors le temps de freiner. »

Six sites expérimentaux ont été choisis, trois en Normandie et trois en Rhône-Alpes. Si le coût de ce système n’a pas été communiqué, son installation va s’étaler jusqu’à la mi-2015, pour un début d’expérimentation en 2016. L’objectif pour RFF est de réduire de 80 à 90 % le risque de collision aux passages à niveau qui seront équipés de cette technologie. « Il y aura toujours un risque résiduel d’accident, avertit le gestionnaire d’infrastructure. On n’est jamais à l’abri d’un véhicule qui percute les barrières fermées peu de temps avant l’arrivée du train. »

Les usagers manquent de prudence

Ce nouvel outil viendra compléter tout un arsenal déjà déployé pour mettre un terme à ce fléau. En 2013, il y a encore eu 148 accidents et 29 personnes tuées contre 127 accidents et 33 morts en 2012. Pour 2014, le dernier accident mortel connu remonte au 30 juillet, à Gauriaguet (Gironde). Les accidents aux passages à niveau sont la deuxième cause de mortalité sur le réseau, loin derrière, toutefois, les suicides. Selon RFF, dans 99 % cas, les accidents sont dus à des comportements à risque des usagers de la route : non-respect des signalisations, vitesse excessive... Une étude réalisée en mai dernier par Ipsos pour RFF révèle d’ailleurs qu’un Français sur dix reconnaît avoir enfreint les règles de sécurité routière lors du franchissement d’un passage à niveau. Un chiffre alarmant quand on sait qu’une collision sur deux entre un train et une voiture est mortelle. En comparaison, « seuls » 5 % des accidents de la route tuent.

Pour forcer les automobilistes à stopper lorsque les feux d’un passage à niveau s’allument, les pouvoirs publics ont installé une cinquantaine de radars pour flasher les véhicules contrevenants. Avec à la clé points en moins et 135 € d’amende pour les chauffards. Par ailleurs, l’aménagement ou la suppression des 364 passages à niveau listés en 2005 comme particulièrement dangereux se poursuit. Selon RFF, il en reste encore 174 à traiter. Un nombre encore trop important pour les associations de victimes.

La SNCF mise en cause dans certains accidents

Après huit ans d’enquête, le parquet de Brest (Finistère) a finalement tranché mi-juillet. La SNCF est renvoyée devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire. En 2006, à La Roche-Maurice (Finistère), une automobiliste de 42 ans était décédée après avoir été percutée par un train à un passage à niveau. Les enquêteurs privilégient le suicide mais la famille de la victime porte plainte. Un autre scénario se dessine alors : « Des témoins ont raconté qu’au moment de l’accident la barrière était ouverte, raconte Ronan Appéré, l’avocat de la famille. Des usagers avaient déjà signalé ce dysfonctionnement par le passé. Franchir ce passage à niveau, c’était jouer à la roulette russe. » Des experts concluent que l’accident est peut-être dû à un dysfonctionnement du système de fermeture.

600 000 € d’amende en 2013

« Ils ont montré que dans des conditions météorologiques particulières, temps humide, feuilles mortes sur la voie et avec un certain type de train, le système pouvait ne pas fonctionner, détaille l’avocat. On est devant un nouveau problème de maintenance à la SNCF. » Contactée, la compagnie ferroviaire n’a pas souhaité réagir avant le procès qui devrait se tenir en 2015. « C’est extrêmement grave, insiste Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs). Qu’est ce qui nous prouve qu’il n’y a pas eu d’autres dysfonctionnements sur d’autres passages à niveau ? »

En juin 2013, la SNCF avait déjà été condamnée à 200 000 € d’amende et RFF à 400 000 pour l’accident de car d’Allinges (Haute-Savoie) en 2008 qui avait coûté la vie à 7 collégiens. La justice avait estimé que la SNCF et RFF n’avaient pas tenu compte de la dangerosité du passage à niveau. « Avant cette condamnation, la SNCF considérait que ces accidents étaient un problème routier, estime Stéphane Gicquel. Depuis, elle s’est engagée à changer. On attend des actes. »

Vincent Vérier - leparisien.fr - le 11 août 2014


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