Tchernobyl : non-lieu sur l’impact du nuage sur la santé

Les associations de malades de la thyroïde sont furieuses après l’arrêt de non-lieu de la cour d’appel de Paris. La justice a estimé hier que la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 n’a pas eu de conséquence sanitaire mesurable en France.

« C’est peu de dire que nous en colère, et amers » : la Tarn-et-Garonnaise Chantal Lhoir, coprésidente de l’association des malades de la thyroïde (AFMT), a vivement réagi au non-lieu accordé hier par la justice dans l’enquête sur l’impact du nuage de Tchernobyl : la cour d’appel de Paris estime que la catastrophe nucléaire de 1986 n’a pas eu de conséquence sanitaire mesurable en France.

Chantal Lhoir, restauratrice à Bourret, a annoncé que l’AFMT ira « en cassation ». « Nous restons fiers d’avoir pu rassembler 650 malades qui ont eu le courage de porter plainte », a-t-elle ajouté, souhaitant que le dossier d’instruction puisse être porté à la connaissance du public.

La juge Marie-Odile Bertella-Geffroy avait concentré ses investigations sur les informations communiquées en termes de radioactivité sur l’Hexagone au moment du passage du nuage au printemps 1986, en particulier sur une minimisation des risques encourus.

On se souvient que d’autres pays européens, comme l’Allemagne, avaient pris des précautions pour protéger la population, interdisant par exemple la consommation de lait. En France, rien : comme si le nuage radioactif s’était arrêté à la frontière…

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a mis hors de cause l’ancien patron du Service central de protection contre les rayons ionisants (SCPRI) le Pr Pierre Pellerin, seul mis en examen, pour « tromperie aggravée », en 2006 dans cette affaire.

L’AFMT n’est pas la seule association de malades de la thyroïde à avoir exprimé hier son mécontentement. « Avec ce non-lieu, on s’est moqué de nous », a déclaré le Dr Denis Fauconnier, qui a le premier souligné les retombées de la catastrophe sur la population corse : une forte augmentation des troubles de la thyroïde a été constatée sur l’île.

Dans la classe politique, le député Noël Mamère (Europe Ecologie-Les Verts) s’est élevé contre ce qu’il qualifie de « déni de justice qui prouve la force du lobby nucléaire dans notre pays ».

« A l’heure où le Japon affronte une catastrophe nucléaire, où l’accès à l’information des populations civiles n’est pas garanti, et même bafoué, la garantie d’impunité que nous renvoyons est scandaleuse », a estimé la députée européenne Corinne Lepage.

Le chiffre : 1986
Explosion> de la centrale nucléaire de Tchernobyl. 25 ans après, des menaces planent sur l’Ukraine, car le sarcophage qui recouvre le réacteur détruit est détérioré.

« Ce non-lieu est un non-sens ». Michèle Rivasi, fondatrice de la Crirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), eurodéputée EE-LV.

La dépêche - Publié le 8 septembre 2011


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