Après l’émouvant hommage officiel rendu, jeudi 11 septembre à Madrid, en présence du roi Juan Carlos, aux victimes de la catastrophe aérienne qui a fait 154 morts, le 20 août, sur l’aéroport de la capitale espagnole, les autorités madrilènes doivent désormais se porter au chevet d’une autre victime potentielle du crash, la compagnie Spanair elle-même, dont la fragile santé économique pourrait ne pas survivre à l’accident.

Entre la baisse des ventes (8,1 % de passagers en moins en août) et les indemnisations à venir, la chute du MD-82 de Spanair à destination de Las Palmas (Canaries) pourrait coûter entre 30 et 60 millions d’euros à la deuxième compagnie aérienne espagnole. Cette filiale de la scandinave SAS - qui souhaite s’en défaire - avait déjà perdu 31 millions d’euros en 2007, et 55 millions au premier semestre de 2008.

Le plan de redressement lancé au printemps, qui prévoit 1 200 suppressions d’emplois sur 4 000 et une réduction de 20 % de ses dessertes, pourrait ne plus suffire : "Après l’accident se dessine un nouveau cadre économique beaucoup plus dramatique", avertit la société, mercredi 10 septembre, dans une lettre à ses salariés.

Selon la presse espagnole, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero verrait d’un bon oeil Iberia jouer les chevaliers blancs. La compagnie nationale avait voulu acquérir Spanair en mai. Sera-t-elle toujours intéressée, maintenant qu’elle est engagée dans une maxifusion avec British Airways ? Spanair a transporté 10,6 millions de passagers en 2007 contre 26,7 millions pour Iberia.

Le secteur aérien espagnol étant touché dans son ensemble par la crise, les représentants des principales associations de l’aviation civile ont réclamé mercredi au ministère de l’équipement des mesures de soutien. Sur le bureau de la ministre, Magdalena Alvarez, le dossier le plus urgent est celui de la compagnie de charters Futura (1 200 salariés), en cessation de paiement depuis le 8 septembre.

Le Monde, Jean-Jacques Bozonnet, 12.09.08