Plusieurs dignitaires se sont réunis au chalet du Mont-Royal et ont été invités à déposer des roses blanches devant les photos des 14 femmes décédées.
Des familles de victimes et des dignitaires se sont réunis au chalet du Mont-Royal, mardi soir, pour commémorer l’attentat antiféministe commis le 6 décembre 1989 à Polytechnique Montréal.
L’événement avait une connotation particulière cette année, alors que le projet de loi fédéral C-21 sur le contrôle des armes semi-automatiques continue de faire les manchettes. « Le devoir de mémoire est plus pertinent que jamais », a déclaré la présidente du comité Mémoire, Catherine Bergeron, dont la soeur Geneviève a péri dans la tragédie.
La cérémonie s’est déroulée sobrement, sans prise de parole officielle de dignitaires, à l’exception de Mme Bergeron. Les personnes présentes ont toutefois été invitées à déposer des roses blanches devant les photos des 14 femmes décédées.
Vers 17 h 10, heure où les premiers coups de feu ont retenti 33 ans plus tôt, 14 faisceaux lumineux se sont allumés en l’honneur des victimes, sous la pluie, perçant un épais brouillard. « Le devoir de mémoire est source d’action, et nous savons que nous devons travailler sans relâche pour bâtir une société égalitaire », a ajouté Mme Bergeron au moment de l’illumination.
Selon Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouvient, l’événement est « particulièrement important cette année, étant donné la mesure critique pour empêcher les tueries de masse qui est présentement à notre portée » — une référence au projet de loi C-21 du fédéral.
Justin Trudeau a justement réitéré en mêlée de presse que son gouvernement allait continuer « d’aller de l’avant avec des mesures pour plus de contrôle des armes à feu ». Il a notamment vanté son gel des armes de poing, en vigueur depuis octobre dernier, ainsi que le projet de loi libéral C-21. Ce dernier fait à nouveau les manchettes depuis que des amendements y ont été proposés, il y a un peu plus d’une semaine.
Rappelons que samedi dernier, le joueur de hockey Carey Price a également ravivé le débat en critiquant, dans une publication sur Instagram, un amendement visant à interdire certaines armes puissantes. Il a aussi dit soutenir la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu, qui a récemment encouragé ses membres à acheter de la marchandise sur son site en utilisant le code promotionnel « poly ».
Consensus politique
François Legault et Valérie Plante, également présents lors de l’événement, ont tous deux souligné en mêlée de presse l’importance de réglementer davantage les armes à feu au pays. « C’est important de limiter les armes, de bannir les armes d’assaut », a affirmé M. Legault. Mme Plante a ajouté de son côté qu’une telle mesure faisait partie d’un ensemble à mettre en place « pour faire baisser le nombre de féminicides » au Québec.
« Il importe surtout de rappeler aux élus que la mesure proposée visant l’interdiction des armes d’assaut actuellement à l’étude constitue l’aboutissement de plus de trois décennies de combat par les survivants et les familles de victimes du massacre à Polytechnique », a précisé Nathalie Provost par courriel.
Maya Vallée, qui étudie à Polytechnique Montréal depuis plus de quatre ans, indique qu’elle n’est jamais allée à l’école le 6 décembre. « Je vis cette journée comme un rappel que nous, les femmes, ne sommes toujours pas en sécurité, dit-elle. Je suis contente que nous ayons des lois plus sévères pour le contrôle des armes à feu, mais C-21 ne change pas le sens premier de cette journée. J’espère que les cérémonies de commémoration ne vont jamais s’arrêter. »