Qui est Fabien Clain, ce jihadiste dont le nom a été retrouvé chez un proche de Larossi Abballa

Ce n’est pas la première fois que son nom revient dans une affaire d’attentat, loin de là. L’adresse mail de Fabien Clain a été retrouvée au domicile d’un proche de Larossi Abballa, meurtrier du couple de policiers à Magnanville. Selon les informations de BFMTV, confirmées à L’Express par une source proche de l’enquête, la découverte a été effectuée chez Saâd Rajraji, 27 ans, mis en examen le week-end dernier pour "association de malfaiteurs terroristes".

"Son adresse mail et son numéro d’écrou figure sur un bout de papier", précise BFM au sujet de Fabien Clain, qui connaissait Saâd Rajraji puisque "les deux hommes se sont cotôyés à la prison de Fleury-Mérogis où ils étaient tous deux détenus", souligne la chaîne, entre 2011 et 2012.

Réunionnais de 37 ans converti à l’islam dans les années 90, Fabien Clain est notamment l’auteur du message audio revendiquant les attentats du 13 novembre au nom de Daech. On le retrouve dans plusieurs affaires récentes de terrorisme le connectant à de jeunes jihadistes francophones comme Mohamed Merah et Sid Ahmed Glam.

Le HuffPost fait le point sur ces autres dossiers dans lesquels il est impliqué :

La filière toulousaine et Mohammed Merah

Fabien Clain n’appartient pas à la génération des jihadistes partis en Syrie après un embrigadement éclair sur Internet, mais fait figure de mentor naturel pour les plus jeunes. Il s’est radicalisé dans la première moitié des années 2000, comme son frère Jean-Michel, alors qu’il faisait partie d’un groupe de jeunes salafistes radicaux qui fréquentaient la salle de prières de Bellefontaine à Toulouse jusqu’en 2005. Il se trouve depuis dans le radar de l’antiterrorisme.

Ce groupe toulousain se retrouvait aussi dans un petit village de l’Ariège, Artigat (à une soixantaine de kilomètres de Toulouse), autour de l’"Émir blanc", Olivier Corel, d’origine syrienne. Fabien Clain, alias "frère Omar", exerçait un ascendant intellectuel certain sur les autres, parmi lesquels Mohamed Merah, son frère Abdelkader ainsi que son demi-frère par alliance, Sabri Essid. Depuis la Syrie, ce dernier a fait parler de lui début avril en apparaissant dans une vidéo d’exécution de Daech.

Fin 2006, Essid et un autre membre du groupe, Thomas Barnouin, ont été interceptés en Syrie avant d’être remis à la justice française. Essid, Barnouin et Clain, présentés comme l’un des "organisateurs" d’une filière d’envoi de combattants islamistes en Irak, ont été condamnés en 2009.

Fabien Clain a écopé de cinq ans de prison ferme et était encore en prison au moment de la campagne d’assassinats de Mohamed Merah en mars 2012, dont il se désolidarisera publiquement. Libéré en août de la même année après trois ans de détention, il revient en Normandie, à Alençon, où il a passé une partie de sa jeunesse.

Il avait encore sur place un appartement, et son nom était toujours sur sa boîte aux lettres qui débordait de courrier, constatait une journaliste de l’AFP peu après les attentats du 13 novembre. Depuis, l’homme est resté introuvable et invisible. Il aurait pris le chemin de la Syrie début 2015 avec plusieurs membres de la mouvance islamiste radicale toulousaine.

La filière belge et Molenbeek

Fabien Clain et son frère Jean-Michel ont par ailleurs vécu quelques temps en Belgique à partir de janvier 2003, relève Le Monde. Comme le rapporte RTL, ils fréquentaient alors la mouvance islamiste radicale qui commençait à s’installer dans le quartier de Molenbeek", plaque tournante du jihadisme européen où ont vécu Abdelhamid Abaaoud, les frères Abdeslam ou encore Ayoub El Khazzani, le tireur du Thalys.

En Belgique, les frères Clain se sont notamment liés à deux jihadistes, Farouk Ben Abbes et Hakim Benladghem, précise Le Monde. Ancien légionnaire français d’origine algérienne, Hakim Benladghem est mort le 26 mars 2013 à l’issue d’une course-poursuite avec la police belge, alors qu’il s’apprêtait à commettre un attentat en Belgique. Son nom, tout comme celui de Fabien Clain, était apparu en 2009 après des menaces d’attentats visant le Bataclan, dont ils accusaient les propriétaires d’être "sionistes".

Toujours en 2009, Farouk Ben Abbes a lui été interpellé en Egypte dans le cadre de l’enquête sur un attentat contre un voyage de lycéens français au Caire, qui avait fait 24 blessés et un mort en février. Il "aurait alors protesté de son innocence tout en admettant qu’il projetait une attaque en France contre… le Bataclan", selon Le Monde, qui ajoute que ce projet a été confirmé en 2011 à la DCRI par une Française également interpellée dans cette affaire.

L’attentat avorté de Villejuif

Fabien Clain est aussi considéré comme l’un des instigateurs de l’attaque avortée en avril 2015 contre une église à Villejuif (région parisienne), menée par le jeune Algérien Sid Ahmed Ghlam. Ce dernier est soupçonné d’avoir assassiné une professeure de fitness de 32 ans, Aurélie Châtelain, dans un parking proche de ces attaques. Il a été arrêté après avoir appelé les secours car il était blessé par balle à la jambe. Les enquêteurs pensent qu’il s’est blessé seul.

Dans ce dossier, il était question de "plusieurs actions simultanées un dimanche", d’attaques d’un train pour tuer "150 mécréants" ou contre le Sacré-Cœur, la basilique qui surplombe Montmartre, l’un des hauts lieux touristiques de Paris. L’enquête a montré que Sid Ahmed Ghlam avait échangé des emails cryptés, en partie décodés, avec un ou plusieurs hommes se trouvant en Syrie.

D’après Le Monde, cet attentat raté a été "téléguidé de l’étranger" par deux jihadistes, Macreme A. et Thomas M., partis en Syrie début 2015 et apparaissant "dans la même procédure de filière" de combattants que Fabien Clain qui les aurait recrutés. "Présenté comme leur ’comparse’, [il] aurait joué de la Syrie un rôle majeur dans leur endoctrinement", selon le quotidien du soir.

Source : huffingtonpost.fr
Date : 21.06.2016

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