Procès en cassation du capitaine du « Costa Concordia » : retour sur cinq ans d’affaire

La Cour de cassation italienne commence, vendredi, l’examen de la condamnation du capitaine qui avait abandonné son navire en plein naufrage, en 2012.

Condamné à seize ans de prison pour avoir fui son navire en plein naufrage, le capitaine du Costa Concordia, Francesco Schettino, doit faire une dernière fois face à la justice. Sa condamnation est en effet examinée par la Cour de cassation italienne, vendredi 11 mai. Retour sur cet épisode tragique qui coûta la vie à trente-deux personnes.

Le déroulement du naufrage

Dans la soirée du 13 janvier 2012, le plus gros navire de plaisance italien s’abîme contre une bande rocheuse à quelques miles de l’île du Giglio. La croisière de rêve se transforme alors en cauchemar pour les 4 229 personnes à bord, dont plus de 3 200 touristes, en majorité allemands, italiens et français. Ces derniers, alertés par le choc, sont priés de rester calmes, les haut-parleurs évoquant un « problème de générateurs électriques  », qui devrait vite être réglé.

En réalité, le bateau de 114 000 tonnes, 298 m de long et 36 m de large est sur le point de sombrer. Peu à peu, le Costa Concordia s’enfonce latéralement dans la mer. Les passagers cèdent bientôt à la panique, face à un équipage mal préparé, un matériel défaillant et un manque de chaloupes de sauvetage. Une journaliste présente sur place, Mara Parmegiani, a parlé de «  scène de panique digne du Titanic  ». Certaines personnes sautent à la mer pour rejoindre le rivage à la nage, d’autres sont prises au piège du paquebot. Le naufrage fait trente-deux morts, dont six Français, et cent soixante-quinze blessés.

Le rôle du capitaine

Au cœur de l’affaire, un homme. Le commandant du navire, Francesco Schettino. « L’homme le plus détesté d’Italie », comme l’ont surnommé les journaux italiens, est accusé d’avoir fait les mauvaises manœuvres qui ont conduit au naufrage. Mais ce qui a particulièrement choqué, c’est son départ précipité. Il est en effet un des premiers à quitter le navire, livrant les passagers à leur sort.

Dans un premier temps, il avait expliqué que sa chaloupe était tombée dans la mer du fait du naufrage, contre sa volonté. Il avait tenté de se défausser sur son équipage lors de son procès. Mais plusieurs témoignages ont mis en lumière sa fuite. D’abord une vidéo le montrant en train de descendre sciemment du paquebot, alors même que l’immense majorité des passagers est encore à bord.

Une conversation téléphonique surréaliste avec Gregorio De Falco, le chef de la garde côtière de l’époque, a enfin confirmé une partie des doutes qui pesaient sur sa conduite. Lors de ces deux minutes de conversation, juste après le naufrage, Gregorio De Falco s’époumone pour faire remonter le fuyard à bord, l’exhortant de faire le bilan des besoins sanitaires. Francesco Schettino ne retournera jamais sur le bateau.

Des condamnations en première instance confirmées en appel

En février 2015, soit un an et demi après l’ouverture de son procès en première instance, il avait été condamné à seize ans de prison ferme, jugé coupable d’homicides, d’abandon de navire et de naufrage, soit moins que les vingt-six ans requis par le parquet. Une peine confirmée en appel le 31 mai 2016. Francesco Schettino, dont les avocats avaient plaidé l’acquittement, s’était alors pourvu en cassation.

Ces derniers veulent désormais l’annulation du procès pour vice de procédure. Le procureur auprès de la Cour de cassation réclame lui aussi un renvoi, mais devant une nouvelle cour d’appel pour que soit prononcée une peine plus sévère. Selon la chaîne de télévision italienne Rai news, le procureur exige que des circonstances aggravantes soient prises en compte, notamment le fait que le capitaine était « conscient » de son comportement fautif. La Cour doit rendre sa décision à partir du 12 mai 2017.

Les rescapés indemnisés

Plusieurs plaintes ont été déposées en Allemagne, en France ou en Italie. La société Costa Croisière, propriétaire du paquebot de luxe a été condamnée à verser des indemnités. Environ 84 millions d’euros ont été distribués aux 3 586 survivants. Mais tous ne sont pas encore indemnisés. Certains ont accepté une somme forfaitaire de 11 000 euros proposée par la compagnie.

La municipalité de l’île du Giglio a été dédommagée à hauteur de 300 000 euros pour préjudice moral. Bien loin des 20 millions d’euros réclamés par la commune. La faune et la flore des côtes de l’île ont été labourées par le paquebot lorsqu’il s’est échoué. Toutes ces indemnisations pourraient évoluer lors du procès en cassation.

Le navire échoué a dû être redressé, remorqué jusqu’à Gênes, pour y être enfin démantelé. Une opération périlleuse qui a pris près de cinq ans.

Ce procès en cassation pourrait ne pas être le dernier. Les avocats de Francesco Schettino ont dit qu’ils n’écartaient pas un éventuel recours devant la Cour européenne des droits de l’homme en cas de décision défavorable.

Source : lemonde.fr
Auteur : Pierre Bafoil
Date : 12 mai 2017

Crédit photos : Source : lemonde.fr Auteur : Pierre Bafoil Date : 12 mai 2017

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