PROCES DE L’ATTENTAT DE SAINT-ETIENNE-DU-ROUVRAY I UNE DEUXIEME SEMAINE CONSACREE AUX AUDITIONS DES TEMOINS EN LIEN AVEC LES AUTEURS DIRECTS ET LES ACCUSES

Lors de cette deuxième semaine d’audience, les deux psychiatres qui ont examiné l’accusé, Jean-Philippe JEAN-LOUIS, s’expriment à la barre. Le Docteur CASANOVA est le médecin qui a fait la première expertise. Lors de son exposé, le docteur souligne principalement une vulnérabilité due à un défaut d’esprit critique personnel chez M. JEAN-LOUIS. Le Docteur ROUILLON, quant à lui, est venu préciser son rapport en raison de divergences d’appréciations avec les expertises précédentes. Le Docteur explique qu’en réponse à l’évocation des faits, Jean-Philippe JEAN-LOUIS avait indiqué se sentir peu partie prenante du déroulement tragique et qu’il ne pensait pas que ça se terminerait ainsi. Après examen, le Docteur décrit l’accusé comme n’ayant ni pathologie mentale, ni addictive. Il a certes une fragilité psychologique mais non neurologique. Il souligne le fait que l’accusé ait été un grand prématuré et que cela ne l’a pas empêché de se développer normalement. Selon l’expert, si l’intéressé a une certaine vulnérabilité, cela n’a pas pour autant altéré son discernement. Il n’a donc pas de pathologie mentale mais une fragilité psychologique due à des carences affectives qui peut être partiellement rattachable aux faits.

Monsieur Yann Oussama H est ensuite auditionné. Ce dernier explique que l’accusé, Jean-Philippe JEAN-LOUIS, voulait partir en Syrie, qu’il avait un compte sur un réseau social sur lequel il travaillait pour l’État Islamique et y préparait « une série ». Le témoin explique que Jean-Philippe JEAN-LOUIS était très impliqué dans la propagande de l’État Islamique car il avait une page Facebook via laquelle des personnes le suivaient.

Monsieur Ashraf E dépose à son tour à la barre. Celui-ci déclare qu’il connaissait Adel KERMICHE, un des tueurs du Père Hamel, qu’il avait rencontré dans le cadre d’un départ commun en Syrie. Lorsque le Président lui demande ce qu’il pense de l’assassinat du Père Hamel, le témoin répond qu’il ne sait pas quoi en penser. Il indique qu’il a voulu partir vivre en Syrie car c’est une terre d’Islam. Ils sont arrêtés avec Adel KERMICHE le 11 mai 2015 en Turquie et ont été ramenés en France où lui a été placé en foyer et Adel KERMICHE en détention provisoire. Il dit cependant ne pas connaitre plus que ça le tueur car ils se sont rencontrés juste avant leur départ et n’ont eu aucun échange après leur arrestation. Leur objectif commun était de faire la hijra sans combattre. Il précise qu’il ignorait les plans d’Adel KERMICHE. Aujourd’hui, il indique qu’il essaie de s’insérer et de faire oublier son image d’avant. Il a eu 4 ans de détention pour réfléchir, précise-t-il. Il ajoute qu’il a basculé dans cette idéologie par effet de mode et qu’il ne connaît pas les accusés. Pourtant certains éléments démontrent le contraire, notamment au sujet de Jean-Philippe JEAN-LOUIS.

La journée se poursuit avec le témoignage de la sœur de Jean-Philippe JEAN-LOUIS, Sylvie K. Elle explique qu’en raison du placement de son petit frère au foyer, ils n’ont pas grandi ensemble et que cela a créé une rupture. La jeune femme décrit son frère comme quelqu’un de réservé, souriant et qui aide beaucoup la famille. Elle le décrit aussi comme quelqu’un de naïf qui a manqué de la présence de sa mère. Elle confie qu’elle avait été choquée que sa petite amie parte en Syrie et surprise par le départ de son frère. Elle pense qu’il a voulu partir uniquement pour la retrouver. Cependant, le Président souligne que sa petite amie est partie postérieurement à son envie à lui de partir.
Elle dit qu’effectivement, il a voulu partir à un moment donné mais que la raison n’était pas religieuse. Le Président lit pourtant une série de messages échangés entre le frère et la sœur qui démontrent le contraire. Selon Sylvie K., son frère a eu un lavage de cerveau. Sa famille est d’origine catholique explique-t-elle, qu’elle n’a pas de religion et qu’une de ses sœurs est musulmane. En 2015, elle explique avoir mené deux combats : que son frère ne parte pas et ses problèmes personnels. Elle confie que son frère n’a pas grandi avec le reste de la famille et qu’il a dû vivre des choses dont elle n’est pas au courant. « Il a eu son enfance à part », déclare-t-elle.

Madame Sylvie K., sur le départ de Jean-Philippe JEAN-LOUIS en juin 2016, indique qu’elle pensait qu’il partait en vacances et a été mise au courant par la suite que la Turquie l’avait refusé sur son territoire. Elle confie avoir pensé que c’était parce qu’il était fiché S.

Madame Sylvie K., précise qu’elle n’a jamais entendu son frère évoquer vouloir commettre une action sur le territoire. Lorsque l’avocate générale l’interroge, cette dernière confie regretter car s’ils avaient été plus présents avec sa famille, ils se seraient aperçus que Jean-Philippe JEAN-LOUIS était en souffrance et qu’ils auraient pu ainsi éviter tout cela. Elle regrette de ne pas lui avoir demandé comment il allait. Elle dit en vouloir au foyer et au système, car ils n’ont pas vu sa tristesse et que ce placement a créé une rupture qui fait qu’il est resté seul. Selon elle, s’il avait grandi avec eux, il aurait été ingénieur.

Aux questions de la Défense, elle répond qu’ils ne se sont pas aperçus du glissement de Jean-Philippe JEAN-LOUIS vers la radicalisation. S’agissant de la copine de son frère, elle dit que c’est une fille qui ne lui inspirait pas confiance.

La journée se termine avec le témoignage d’un témoin toujours en lien avec Jean-Philippe JEAN-LOUIS, Monsieur Antony C. Ce dernier est enseignant en langue arabe et ami d’enfance de l’accusé. Ils étaient ensembles au foyer pendant trois ans et ont été exclus en même temps. Il décrit Jean-Philippe JEAN-LOUIS comme quelqu’un de normal, gentil, souriant et calme. Le témoin précise qu’ils ont été exclus ensemble du foyer pour motif religieux, notamment en raison de leur pratique. Ils se sont convertis au même moment et explique que cela a provoqué beaucoup de changements dans leur quotidien (pratique des cinq prières, alimentation et changements physiques) d’où la raison de leur expulsion. A ce moment-là, ils avaient 17-18 ans. Il confie que c’est Jean-Philippe JEAN-LOUIS qui s’est converti d’abord et que ça a influencé sa conversion. Après le foyer, le témoin précise qu’ils ont continué à se voir. Sur les attentats qui ont eu lieu en France en 2015, le témoin indique qu’ils en n’ont pas parlé, ni de son départ en Syrie, ni de sa chaine et des vidéos. Il précise que l’Islam n’était pas un sujet de discussion entre eux.

A la question du Président sur sa connaissance d’un Matthieu LEBLOND, le témoin répond qu’il se souvient d’un Matthieu au foyer mais il ne semble pas que ce soit le même. Jean-Philippe JEAN-LOUIS aurait eu des conversations avec cet individu telles que « Vous avez la liberté d’expression, nous avons la liberté d’explosion » et c’est à lui qu’il aurait dit que les KOUACHI étaient des guerriers. L’avocate générale révèle que Matthieu LEBLOND est en fait Abdel-Malik PETITJEAN mais le témoin ne voit pas le lien avec l’islam avec le Matthieu du foyer.
Il décrit Jean-Philippe JEAN-LOUIS comme très calme et apprécié de tout le monde, discret dans un groupe et qui n’a pas d’ennemi. Il conclut qu’à aucun moment pour lui, Jean-Philippe JEAN-LOUIS ne serait passé à l’action. Selon lui, l’accusé a évolué sans qu’il s’en rende compte, ils se voient une fois tous les deux mois. Il termine « on peut adhérer à l’État islamique mais pas dans sa dimension guerrière. ».

La matinée du jeudi 24 février s’ouvre sur la suite des auditions des proches de l’accusé, Jean-Philippe JEAN-LOUIS. Le premier à répondre aux questions de la Cour est Yannick A., compagnon de la sœur de l’accusé, Scherley K. Il explique que plusieurs membres de la famille se sont convertis à l’islam, dont sa compagne et l’accusé, sans que cela soit dû à une influence quelconque ou à une forme d’extrémisme. Le témoin est assez vague dans ses explications, disant ne pas s’être inquiété de ce qu’il pouvait voir sur le mur Facebook de Jean-Philippe JEAN-LOUIS. Le Président revient ensuite sur ses auditions passées et le témoin reprend ses propos considérant que l’accusé n’a tenté de partir qu’à une reprise et non deux. Il est aussi approximatif sur les dates de départ ou sur l’argent ayant financé ce voyage.

Sa compagne, Scherley K., est ensuite auditionnée. Elle confirme s’être convertie à l’islam mais réfute toute influence de son frère dans cette conversion. Elle revient alors sur le signalement que sa mère a fait au commissariat en janvier 2015, pensant que son fils était parti en Syrie car il ne s’était pas présenté au foyer où il logeait encore. Elle considère qu’elles n’ont pris peur qu’en raison de l’effet de mode de plusieurs jeunes qui partaient en Syrie à ce moment-là, coïncidant avec la nouvelle conversion de son frère à l’Islam. Elle confirme ensuite les propos de son compagnon au sujet d’un seul départ de son frère pour la Syrie dont l’objectif était de retrouver une certaine Hanane. Cette dernière aurait rencontré l’accusé à un mariage de la famille et aurait été en contact près de 20 000 fois entre 2014 et 2015 avec une ligne attribuée à Scherley K., ce que cette dernière réfute.

Madame K., est ensuite interrogée sur un SMS envoyé à sa mère en date du 9 juin 2016, parlant d’une grande tristesse suite au départ de l’accusé pour la Turquie, ce dernier ayant annoncé ne jamais revenir. Deux jours plus tard, Scherley K., aurait fait une réservation de billet d’avion pour un ami de son frère, qui s’avèrera être Abdel-Malik PETITJEAN, et aurait eu des échanges de SMS avec celui-ci pour lui dire qu’ils viendraient le chercher à la gare de Paris-Vélizy.

Puis la troisième sœur de l’accusé, Nadège K., vient s’exprimer à la barre. Elle décrit son frère comme quelqu’un d’aimable et avec qui elle s’entend bien. Elle raconte qu’ils avaient des discussions sur la religion ensemble. Elle confirme être la première de la famille à s’être convertie à l’islam mais réfute toute influence de son frère ou d’idéologie radicale sur sa conversion. Pour elle, son frère est parti en vacances en Turquie en 2016 et pense qu’il les a financées grâce à la formation qu’il suivait à cette période. Cependant, elle a reçu à l’époque un appel d’un jeune, qui s’est avéré être Abdel Malik PETITJEAN. Il lui explique que son frère était bloqué en Turquie et qu’il avait besoin d’aide pour rentrer. Elle lui raconte qu’elle lui a payé alors le billet pour rentrer en France, puis confirme l’avoir accueilli à la Gare de Paris-Vélizy, hébergé pour une nuit au domicile familial et de lui avoir payé le billet pour rentrer chez lui le lendemain. Elle est alors questionnée sur les discussions qu’ils ont pu avoir ensemble durant ce temps-là. Elle répond qu’elle l’a salué mais que par la suite, il a mis une distance avec elle et ils ne se sont plus adressés la parole.

L’après-midi, le premier témoin à être auditionné est l’ex-femme de l’accusé Farid KHELIL, Nabila B. Elle décrit Farid KHELIL comme un homme gentil, serviable, très blagueur, influençable et qui n’était pas impliqué religieusement. Elle explique qu’il disait être fier d’être français et de payer les impôts en France. Il fumait beaucoup de cannabis, ce qui posait de nombreux problèmes dans leur relation, confie-t-elle. Elle poursuit en disant que Farid KHELIL a été hospitalisé en juin 2014 dans un hôpital psychiatrique, où il avait évoqué son souhait d’aller en Syrie et de faire le djihad. Durant son hospitalisation, Nabila B., explique qu’un médecin l’avait contacté afin de la prévenir qu’une arme de 9 mm était à son domicile. Elle a ensuite été convoquée par la police pour faire le nécessaire sur l’abandon d’arme, qu’elle pense appartenir à la tante de Farid KHELIL. Par la suite, Nabila B., indique ne pas être au courant de la consultation par Farid KHELIL de sites djihadistes mais que celui-ci avait en fond d’écran sur son portable une photographie d’un drapeau de Daech. Elle précise néanmoins qu’il était contre le port du voile. Nabila B., dit connaître Abdel Malik PETITJEAN et affirme que ce dernier n’avait aucune influence sur Farid KHELIL. Elle indique qu’il est venu dormir à son domicile, ne pas l’avoir vu prier et qu’il allait souvent au café avec Farid KHELIL.

Leila B., cousine de la mère de Farid KHELIL est ensuite entendue. Elle explique avoir connu Abdel-Malik PETITJEAN. Elle confie que la mère d’Abdel-Malik PETITJEAN sortait d’un divorce et lui avait demandé d’héberger ses enfants, avouant qu’elle en avait marre de son fils et qu’elle ne le supportait plus comme s’il y avait un abandon de sa part. Leila B., explique avoir essayé de parler avec Abdel-Malik PETITJEAN avant l’attaque. Elle explique que sa fille a été chez Abdel-Malik PETITJEAN pendant 15 jours avant le drame. Sa fille a voulu revenir chez sa mère au bout de 10 jours car elle trouvait que Abdel-Malik PETITJEAN avait un comportement et des paroles étranges. Il lui a dit un jour qu’il avait eu un frère de Syrie, raconte-t-elle. Leila B., et son mari voulaient le déclarer à la police mais ils ne savaient pas exactement comment s’y prendre et deux jours après, le drame est intervenu.

Kamel KHELIL, le frère de Farid KHELIL s’exprime à son tour devant la Cour. Il indique que son frère ne pratique pas la religion et que selon lui c’est impossible qu’il ait voulu faire le djihad. Kamel KHELIL indique qu’il avait bien dit que son frère était entouré de « racailles » mais qu’il s’agissait de « banlieusards » et non de personnes radicalisées. Il décrit son frère comme quelqu’un de calme, timide, cultivé, poli et émotif. Il précise que Farid KHELIL est aimant et attentionné avec son fils. Quant à Abdel-Malik PETITJEAN, Kamel KHELIL indique qu’il n’a jamais observé de signes de radicalisation chez lui quand il le voyait.

Steven B., auditionné également, précise que Farid KHELIL est son beau-frère et qu’il n’est pas quelqu’un de radicalisé selon lui. Au sujet du djihad, Steven B., indique que Farid se moquait des personnes qui le faisaient. Quant à son cousin Abdel-Malik PETITJEAN, Steven B., le décrit comme une personne douce, gentille et réservée. Il explique avoir eu un différend avec Farid KHELIL. Il raconte que ce dernier lui avait mis un couteau sous la gorge à son réveil, c’est pour cette raison qu’il est allé à la gendarmerie ensuite. Steven B., indique que son frère causait parfois des problèmes à leur mère, qui s’inquiétait beaucoup pour lui.

La dernière journée de la semaine est, elle, dédiée aux auditions des membres de la famille d’Abdel-Malik PETITJEAN, auteur direct de l’attentat. Madame Lina S., a été auditionnée la première afin de revenir sur les jours précédant l’attentat. Celle-ci raconte qu’elle est partie début juillet 2016 pour passer deux semaines chez la cousine de sa mère et son fils, Abdel-Malik PETITJEAN. Elle décrit tout d’abord l’individu comme un homme gentil mais faible d’esprit qui aurait été influencé et instrumentalisé par ses fréquentations dont l’un des accusés, Farid KHELIL. Dans les jours précédant l’attentat, elle explique avoir relevé des comportements et des discours étranges chez son cousin. Elle relate une conversation avec lui sur la Syrie où leurs idées s’étaient opposées et où il avait reçu un appel d’un « frère de Syrie ». Elle a aussi pu remarquer les liens d’amitié entre Farid KHELIL et Abdel-Malik PETITJEAN avec de nombreux allers-retours de ce dernier à Nancy pour le visiter. Après le départ d’Abdel-Malik PETITJEAN pour Saint-Étienne-du-Rouvray le 23 juillet 2016, Madame Lina S., raconte qu’elle séjourne toujours avec la mère de ce dernier, Yamina B. Celle-ci aurait alors été prise de panique le 24 juillet 2016 car elle n’arrivait plus à joindre son fils et aurait déclaré à Lina qu’elle pensait que son fils allait partir en Syrie. Elle ne sera rassurée que le lendemain par un message de Farid KHELIL. C’est ce qui fait ensuite dire à Lina que Yamina B., était au courant de la radicalisation de son fils tout comme le reste de son entourage.

C’est ensuite au tour de Linda PETITJEAN, sœur d’Abdel-Malik PETITJEAN et cousine de l’accusé Farid KHELIL, d’être auditionnée. Elle décrit son frère également comme quelqu’un de gentil et respectueux et n’ayant jamais commis de violences envers elle ou sa mère. Ils ne vivaient plus ensemble au moment des faits, sa famille ayant déménagé deux ans avant l’attentat à Aix-les-Bains pendant qu’elle continuait de vivre à Montluçon. Elle décrit sa famille comme étant de tradition musulmane sans que les enfants n’aient reçu une forte éducation religieuse, bien que son frère commence à pratiquer régulièrement un an avant les faits. Elle confie avoir alors remarqué un changement dans son comportement, sans faire de lien avec une potentielle radicalisation et relate ainsi l’épisode d’un barbecue en famille chez elle où les femmes ont été obligées de rentrer et de se couvrir à la suite de l’arrivée de son frère.

Linda PETITJEAN s’excuse alors en pleurs devant les parties civiles de n’avoir pu percevoir les signes qui étaient présents et de n’avoir pu agir plus tôt. En effet, elle relate comment l’ancien compagnon de sa mère l’avait prévenu qu’Abdel-Malik se radicalisait dès juin 2016, puis un message de sa mère disant « Ok Malik part en Syrie » deux jours avant l’attentat que Linda a rattaché plus à la santé mentale problématique de sa mère. Elle explique avoir demandé simplement à son frère de rassurer leur mère sur ce sujet.

Le 26 juillet 2016, elle apprend au travail la survenance de l’attentat à Saint-Étienne-du-Rouvray mais ne fait pas de lien avec son frère. Ce n’est qu’en rentrant chez elle et en allumant son ordinateur, utilisé par son frère une à deux semaines plus tôt, qu’elle voit apparaître des notifications de l’application Telegram. En cliquant dessus, elle tombe alors sur un programme de l’attentat s’étant déroulé le matin même. Elle alerte alors le commissariat qui vient étudier son ordinateur. A maintes reprises durant son audition, l’aide qu’elle a pu apporter aux enquêteurs a été soulignée et remerciée.

C’est ensuite à Madame Yamina B., de venir s’exprimer dans la continuité de l’audition de sa fille. La mère d’Abdel-Malik PETITJEAN commence sa déposition spontanée par : « Vous avez tué mon bébé ». Elle décrit tout d’abord son fils comme un ange naïf qui a été manipulé. Lorsqu’on lui demande de préciser sa pensée et qui pour elle a tué son enfant, elle répond « Les méchants » et y inclut son neveu Farid KHELIL.

Elle se défend d’avoir eu connaissance de la tentative de départ de son fils pour la Syrie alors même que le Président lui lit un message qu’elle a envoyé à sa fille : « Ok, Malik part en Syrie. » Dans les jours précédant l’attentat, Abdel-Malik part du domicile familial le 23 juillet et annonce à sa mère partir chercher du travail avec son cousin Farid. Dans la journée du 25 juillet, elle va avoir de longues conversations téléphoniques avec son fils et son neveu et les jours suivant mais dit ne pas se rappeler de ce qui a été dit. Le soir, n’arrivant pas à joindre son fils, elle lui envoie plusieurs messages : « Viens on part. Qu’est-ce qui te retient ? Ça pue ici. ». Puis plus loin « Je vais vous balancer. » Le jour des faits, Yamina a eu un contact de 24 minutes à 13 heures avec Farid KHELIL mais annonce ne pas se souvenir de la conversation.

Lors de son audition, à plusieurs reprises, Madame Yamina B., semble se retrancher derrière différentes excuses. Elle annonce d’une part qu’elle pensait simplement que son fils avait fait une bêtise mineure et qu’il trainait avec des voyous. D’autre part, elle dit avoir tenté de faire parler Farid KHELIL et ce, en allant dans leur sens, car elle sentait que quelque chose n’allait pas.

Par la suite Yannick F., policier, est auditionné. Il indique que le jour de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, il reçoit un appel d’une cabine téléphonique de Nancy. L’homme lui indique au téléphone avoir des renseignements sur un futur attentat. M. Yannick F., explique avoir eu beaucoup de signalements identiques à l’époque.
Cependant, explique Yannick F., dans ce cas précis, la voix de l’homme à l’origine de l’appel était calme et sérieuse. Son collègue et lui-même lui ont donc donné rendez-vous. Il s’agissait en réalité de Farid KHELIL qui lui expliquait être en contact par une messagerie Telegram avec des personnes basées en Syrie lui proposant de faire un attentat que ce dernier avait refusé. Lorsque Yannick F., évoque avec lui l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray du matin même, Farid KHELIL indique qu’il est inquiet car il n’a pas de nouvelles de son cousin, Abdel-Malik PETITJEAN, mais qu’il pense qu’il se trouve alors à Paris.

Ensuite, le Président lit l’audition de Monsieur Maxime L., cousin d’Abdel-Malik PETITJEAN. Dans cette audition Maxime L., indique que son cousin avait un comportement bizarre lorsqu’il l’a vu en juillet car il n’était ni joyeux, ni triste. Il cachait son téléphone. Selon lui, son cousin parlait tout le temps de religion, des enfants tués, de l’État islamique et de la Syrie, que c’était la guerre et que tout le monde s’en moquait. Quant à Farid KHELIL, Maxime L., précise que c’est « un homme bien, non pratiquant. ».

Benjamin L., est la dernière personne de la journée à être auditionnée. Il indique être manager chez McDonald’s à l’époque des faits. Benjamin L., explique connaître Farid KHELIL par le biais d’amis en commun. Il indique qu’une fois Farid KHELIL cherchait du travail pour son cousin, Abdel-Malik PETITJEAN, et était venu le voir. Mais il n’y a pas eu de suite. L’avocate générale relève qu’il s’agissait sans doute d’un emploi qui aurait eu pour but de financer un départ en Syrie. Benjamin L., lui a donc proposé de transmettre son CV. Au sujet de la radicalisation de Farid KHELIL, Benjamin L., n’a jamais pensé qu’il se radicalisait. Benjamin L., explique que Farid KHELIL faisait beaucoup de blagues, que c’était difficile de savoir ce qu’il pensait réellement, même au sujet des attentats, mais que rien n’était sérieux. Il explique ensuite être allé en Allemagne avec lui pour notamment se rendre dans des maisons closes.

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