PRES DE GRAND BOURGTHEROULDE, MOBILISATION CONTRE LA SUPPRESSION D’UN PASSAGE A NIVEAU

Après avoir été « abandonné », le projet de suppression du passage à niveau 20, aux Monts du Roumois et desservant Thénouville, est remis sur la table par la préfecture.

L’inquiétude monte, à Thénouville et aux Monts-du-Roumois (Eure), depuis l’arrivée du nouveau sous-préfet de Bernay en fin d’année dernière. Philippe Fournier-Montgieux a rouvert un dossier que les élus et habitants des deux communes croyaient abandonné, celui de la suppression de trois passages à niveau jugés « dangereux » par son propriétaire, SNCF Réseau.

Il s’agit des passages à niveau 18, 19 et 20. Fin octobre 2022, face à l’opposition de deux conseils municipaux, qui ont émis un avis défavorable, SNCF Réseau assurait « abandonner et classer sans suite » son projet. Mais la préfecture de l’Eure ne compte pas en rester là.

Un passage à niveau « dangereux »

Depuis le début de l’année, Philippe Fournier-Montgieux organise des réunions avec les maires de Thénouville et des Monts-du-Roumois, le Département, la Région, les services de l’État… pour « essayer de convaincre ». L’État veut, « depuis l’accident de Millas [en 2017, une collision sur un passage à niveau à Millas entre un train et un bus scolaire a tué six adolescents, NDLR], travailler sur la suppression des passages à niveau pour éviter les croisements de flux », explique le sous-préfet.

L’accent est mis particulièrement sur le passage à niveau 20, situé à l’extrémité des Monts du Roumois, presque à Thénouville. « C’est le passage le plus fréquenté des trois et sa topographie est dangereuse », justifie le sous-préfet. Ce passage à niveau (PN) est, en effet, situé dans un virage et, après test, il faut environ douze secondes pour le traverser, au lieu des sept secondes recommandées.

« Le remède sera pire que la maladie »

Ces arguments, le comité citoyen de Thénouville les entend. Mais, pour eux, « le remède sera pire que la maladie », comme l’explique Dany Porte, conseiller municipal à Thénouville et membre du comité citoyen. « Sur ce PN, il n’y a jamais eu d’accident. Or, la préfecture propose de dévier vers la D88, que l’on sait très accidentogène. En trois ans, il y a eu vingt accidents et trois morts. »

La préfecture envisage effectivement de prolonger la RD83 le long de la voie ferrée et de créer un raccordement à la D88. « Le Département sait créer un accès en toute sécurité, on a peu d’inquiétudes », rassure le sous-préfet.

Il considère également que les véhicules qui traversent le PN vont déjà sur la D88, ce qui n’engendrerait pas de trafic supplémentaire.

Thénouville coupé en deux
Autre point d’inquiétude pour les habitants : le fait que le PN 20 soit le point de passage des habitants du Theillement pour se rendre dans le centre de Thénouville, notamment à l’école. « L’A28 coupe déjà notre commune en deux, fermer le PN diviserait encore plus la commune », se préoccupe Jacky Touzain, habitant de Thénouville.

Pour Philippe Fournier-Montgieux, cela concernerait « très peu d’habitations ».

Le sous-préfet appuie également sur le fait que le bus scolaire traverse chaque jour le PN 20, ainsi que des convois agricoles. « Il peut y avoir des accidents insoupçonnés, des bus qui restent coincés… L’idée n’est pas d’embêter les gens, mais de trouver des solutions. »

Pour la conseillère départementale Nathalie Betton, également membre du conseil municipal de Thénouville, et qui a assisté aux réunions organisées par le sous-préfet, « le conseil régional a proposé de dévier les lignes de transports scolaires, alors pourquoi continuer ? » Selon elle, ces travaux pourraient coûter « un million d’euros d’argent public » qui pourrait être utilisé « pour sécuriser le passage sans le supprimer », par exemple en transformant la route qui mène au PN pour qu’elle ne soit plus en virage. Selon le sous-préfet, « le coût serait colossal. En ce qui concerne notre projet, un million c’est largement surestimé, et plutôt à diviser par deux ».

"Un scénario crédible, possible, finançable et qui embête très peu de personnes."
Philippe Fournier-Montgieux sous-préfet

Même si la décision de la préfecture semble bien avancée, Philippe Fournier-Montgieux assure que les discussions sont en cours et que rien n’est acté. « On se donne l’année pour travailler là-dessus. » Il avance néanmoins que le projet proposé par l’État est « crédible, possible, finançable et embête très peu de personnes ». De son côté, le comité citoyen a lancé une pétition auprès des habitants, qui a rassemblé plus de 150 signatures.

Crédit photos : Par Mathilde Carnet publié sur actu.fr

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