Premiers témoignages de l’attaque du Westgate de Nairobi

Les forces kényanes ont encore secouru des personnes qui se trouvaient dans le centre commercial de Nairobi attaqué samedi par les chabab somaliens et elles se rapprochent des assaillants, a déclaré, lundi 23 septembre, l’inspecteur général de la police, au troisième jour du siège. David Kimaiyo affirme que les forces de sécurité ont "sauvé de nouveaux otages", mais il ne mentionne pas sur son compte Twitter d’éventuels combats contre les islamistes.

Alors que les autorités laissent entendre depuis dimanche soir qu’une opération est en cours et proche d’un dénouement, des images de caméras de sécurité visionnées par le quotidien kényan The Standard confirment ce que des témoins ont raconté sur les circonstances de l’attaque. Le commando islamiste, composé d’une douzaine d’assaillants, muni de grenades, fusils d’assaut et pistolets, est entré dans le centre commercial Westgate par au moins deux points d’accès.

Tyler Hicks, un photographe américain du New York Times, raconte la fuite éperdue des clients du Westgate, à proximité duquel il se trouvait, et son entrée avec les forces de l’ordre qui ont commencé à sécuriser les boutiques et à évacuer les civils. Sur RTL, Pauline, une expatriée française de 35 ans raconte que "toutes les trentes secondes il y avait un coup de fusil qui partait" et qu’un chabab s’est approché d’elle. "Il est venu derrière, il nous a tous vus, il nous a tous tiré dessus", raconte-t-elle. "On était une quinzaine de personne je crois, la plupart sont morts. Après qu’il nous a mitraillés comme ça, il est reparti. J’étais au-dessus de mes enfants qui, heureusement, n’ont pas été touchés."

CAMÉRAS DE SURVEILLANCE

La plus grande partie des assaillants est passée par l’entrée principale, lançant des grenades et tirant des coups de feu sur les clients d’un café. Un autre groupe a pénétré dans le bâtiment par le parking, tirant sur un garde avant de se diriger vers les étages supérieurs du parking, où une radio locale organisait une fête. Immédiatement à leur arrivée, les islamistes ont lancé deux grenades dans la foule, mais une seule a explosé.

Selon des témoins également cités par The Standard, les islamistes ont aussi forcé les personnes qui se trouvaient dans le centre commercial à réciter au moins le début de la chahada, la profession de foi des musulmans. Ceux qui en était incapables étaient abattus, les autres épargnés. Toujours selon le quotidien, le groupe entré par l’entrée principale est ensuite monté dans les étages, alors que ceux passés par le parking sont redescendus.

Les images de caméras de surveillance ont également montré des assaillants criblant de balles les portes de toilettes, après avoir apparemment découvert que de nombreuses personnes s’y étaient réfugiées. Elles ont ensuite montré une partie des islamistes se retirant dans le complexe de cinéma du centre commercial, alors qu’un autre groupe prenait le contrôle du grand supermarché du bâtiment. Au moins soixante-neuf personnes ont été tuées dans l’attaque et il y a au moins soixante-trois disparus.

SIX HEURES CACHÉE DANS UN MAGASIN

Depuis samedi, les forces de sécurité, policiers et forces spéciales de l’armée, ont progressé, magasin après magasin, pour évacuer les personnes prises au piège. Les premiers clients et employés ont émergé samedi soir par petits groupes, traumatisés. Une femme a dit avoir passé six heures cachée avant d’être secourue. "J’étais dans un café lorsque j’ai entendu des coups de feu et des explosions. Ensuite j’ai couru pour me cacher dans un magasin", a-t-elle raconté.

Annette, une autre survivante, en sanglots, raconte avoir "vu trois des attaquants vêtus de noir, les visages masqués, et ils avaient de gros fusils". Kenneth Kerich faisait ses courses lorsque l’attaque a commencé. "Soudain j’ai entendu des coups de feu et tout le monde s’est mis à courir. Je me suis allongé au sol. J’ai vu deux personnes tomber et saigner, je pense qu’elles ont été touchées par des balles", a-t-il dit. "Au départ nous pensions que c’était la police qui affrontait des voleurs. Mais nous n’avons pas pu nous enfuir avant que les policiers n’entrent, tirent en l’air et nous disent de sortir", d’après M. Kerich.

Lemonde.fr avec REUTERS - 23 septembre 2013


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