Otages au Sahel : pour Ingrid Betancourt, tout n’est pas fait pour leur libération

Ingrid Betancourt, Franco-Colombienne restée otage des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) pendant six ans et demi, a estimé samedi que tout n’était pas fait pour libérer les otages français retenus au Sahel depuis trois ans, jugeant qu’on se donnait "bonne conscience".

"Je crois que nous ne faisons pas (tout pour les libérer, ndlr), je crois que nous nous donnons bonne conscience (...).

C’est très facile de dire : ’On fait tout et on ne peut rien faire.’ Non ! On peut faire !" a déclaré Ingrid Betancourt à Nantes, avant de participer à une conférence organisée par la famille de Pierre Legrand, le plus jeune des otages français au Sahel, pour marquer leurs trois ans de captivité.

"Je voudrais demander au président : si c’était son fils, qu’est-ce qu’il ferait ?" a ajouté Ingrid Betancourt, libérée au cours d’une intervention militaire le 2 juillet 2008 alors qu’elle était otage depuis le 23 février 2002.

"Nous ne pouvons pas être dans le silence avec des criminels qui tiennent entre leurs mains les vies de nos frères que nous voulons voir revenir. Aujourd’hui c’est pour eux, demain ça peut être pour n’importe qui de nous : c’est pour chacun de nous qu’il faut nous battre, pour la dignité d’être Français", a-t-elle ajouté, appelant tous ceux qui avaient participé à ses comités de soutien lorsqu’elle était elle-même otage à soutenir les familles des otages du Sahel.

"Le discours de François Hollande, on ne peut pas l’accepter aujourd’hui"

Interrogée sur les récentes preuves de vies fournies par les ravisseurs, Ingrid Betancourt a indiqué avoir "beaucoup de mal avec les preuves de survie parce que, lorsque j’étais en captivité, je comprenais bien que les preuves de survie étaient un moyen de rallonger la donne. D’une certaine façon, ça calmait les esprit, les gens se disaient : ’Ils sont encore en vie...’".

Le grand-père de Pierre Legrand, René Robert, a pour sa part jugé inquiétants les propos de François Hollande au Mali. "Aller au Mali et dire : ’Nous recherchons aujourd’hui les contacts qui vont permettre de les ramener’, c’est grave de la part du chef de l’Etat, c’est très grave. Ce discours-là, on pouvait l’entendre il y a trois ans, on peut pas l’accepter aujourd’hui", a-t-il estimé.

lexpress.fr - 21 septembre 2013


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