Il y a vingt ans, le 15 novembre 2023, une visite du chantier du paquebot Queen Mary 2, dont la construction venait d’être achevée, était organisée dans le port de Saint Nazaire pour les employés et leurs proches. La passerelle utilisée pour accéder au bateau s’effondrait entraînant avec elle les quarante-cinq personnes présentes dessus. Douze d’entres elles périront sur le coup, quatre décéderont peu de temps après à l’hôpital des suites de leurs blessures et vingt-neuf autres seront blessées.
L’information judiciaire ouverte après les faits démontrera que la passerelle n’était pas conçue pour supporter des charges importantes. Huit salariés des Chantiers de l’Atlantique et de l’entreprise ENDEL, responsables de la construction de la passerelle, ainsi que les deux entreprises, seront mis en examen. Le procès en première instance se tiendra en 2007 devant le Tribunal judiciaire de Saint Nazaire. Les huit salariés seront relaxés mais les deux sociétés seront quant à elles condamnées à des peines d’amendes pour homicide et blessures involontaires.
Le parquet ayant fait appel de la décision, un second procès s’ouvrira en 2009 devant la Cour d’Appel de Rennes. L’arrêt confirmera la condamnation des deux entreprises et condamnera finalement deux des employés mis en examen à des peines d’emprisonnement avec sursis. Ils seront définitivement relaxés au terme d’un dernier recours en 2012. L’association des victimes du Queen Mary 2, créée avec l’aide la FENVAC en mai 2004, exprimera sa déception et son amertume à l’issue de ce long combat judiciaire. Pour elle, la faute est humaine et « incombe principalement à la direction des chantiers et à son organisation dite de procédure dégradée ».
Ce mercredi 15 novembre, comme chaque année, deux commémorations se sont déroulées. L’une à 12h00 devant l’entrée des chantiers de Saint Nazaire et la seconde à 14h15 devant la stèle installée à la mémoire des victimes dans le jardin des plantes de Saint Nazaire.
Sur les chantiers de Saint Nazaire, une minute de silence a été observée en l’honneur des victimes disparues et blessées. La sirène du paquebot en construction a retenti. Le président de l’association des victimes du Queen Mary 2, Daniel Bartolomé, a tenu lors de son discours à rendre hommage "aux salariés de tout corps et de tout niveau pour leur magnifique travail qui conduit à la renommée et valorise la ville de Saint Nazaire et sa région, en espérant que la chute de la passerelle a servi à renforcer les mesures de sécurité et améliorer leurs conditions de travail".
L’après-midi au jardin des plantes, un lâcher de colombes a été organisé, symbole de départ mais aussi de paix et d’espoir. Le président de l’association a d’ores et déjà donné rendez-vous pour la vingt et unième cérémonie, prochain moment de recueillement attendu comme plus intime mais toujours aussi important et nécessaire « pour contribuer à se souvenir et contribuer au devoir de mémoire envers les victimes de cette catastrophe ».
Yann Meheux-Driano, administrateur historique de la FENVAC, était présent pour cette vingtième cérémonie aux côtés des victimes et des familles de victimes disparues. Sa présence et sa participation, plus qu’un devoir de soutien, démontrent la solidarité perpétuelle de la FENVAC à l’égard des victimes de ce tragique accident.
Nous n’oublions pas.
