La Ligue arabe annonce la création d’une force unifiée

L’initiative est inédite. Après deux jours de concertation, les chefs d’État de la Ligue arabe ont entériné ce dimanche leur projet de force régionale commune, notamment pour combattre les « groupes terroristes ». « Les dirigeants arabes se sont mis d’accord sur le principe d’une force militaire arabe », a déclaré Abdel Fattah al-Sissi depuis la station balnéaire de Charm el-Cheikh où étaient réunis les représentants de 21 des 22 pays membres (la Syrie ayant boudé la réunion). Le président égyptien était depuis plusieurs mois l’un des principaux fers de lance de ce projet, motivé par la menace djihadiste en Irak, en Syrie, mais également en Libye, pays avec lequel l’Égypte partage une longue frontière. Pour l’heure, les contours de ce mini-Otan version arabe restent flous : aucun détail ne transparaît quant à ses objectifs précis et sa composition.

Mais, coïncidence du calendrier, l’annonce de ce projet intervient au moment même où une coalition d’une dizaine de pays arabes emmenés par l’Arabie saoudite bombarde au Yémen depuis jeudi les positions de la milice houthiste. Cette dernière, accusée de collusion avec l’Iran chiite, a chassé les autorités élues. Selon les observateurs, cette opération militaire d’envergure est considérée par les dirigeants arabes comme un « test » pour leur future force conjointe. Le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi, en a d’ailleurs profité pour préciser, ce dimanche, que l’offensive en cours au Yémen « se poursuivra(it) jusqu’à ce que la milice des houthistes se retire et dépose les armes ». Ses propos se lisent comme un soutien inconditionnel au président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui a fui son pays pour se réfugier en Arabie saoudite. Il a lancé samedi un appel à la poursuite des opérations « jusqu’à la reddition des houthistes » lors de sa visite express à Charm el-Cheikh.

Ce week-end, les avions de la coalition panarabe ont intensifié leur offensive, en bombardant dans la nuit de samedi à dimanche la piste de l’aéroport de Sanaa, la capitale yéménite, la mettant hors service. Des raids aériens ont également pris pour cible le quartier général de la garde républicaine yéménite, alliée aux rebelles houthistes, tuant 15 soldats à Sanaa. À Aden, ville stratégique du Sud, où le président Hadi s’était dernièrement retranché avant son exil saoudien, la situation oscille entre anarchie et guerre civile. Plusieurs témoignages relayés sur les réseaux sociaux font état de combats de rue entre les comités de défense populaires, qui soutiennent Hadi, et les miliciens houthistes appuyés par les forces de l’ex-président Saleh. Selon un bilan provisoire, au moins 20 personnes ont péri lors de ces violents accrochages nocturnes. Le chaos qui prévaut dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule Arabique, a par ailleurs poussé, en début de week-end, plus de 200 employés de l’ONU, d’ambassades et de sociétés étrangères à évacuer in extremis Sanaa par voie aérienne.

Source : lefigaro.fr
Auteur : Delphine Minoui
Date : 30 mars 2015


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