L’ex-otage d’Aqmi Serge Lazarevic : en France "ma vie est encore plus détruite qu’avant"

Presque chacune de ses phrases est ponctuée d’un "mais". Six mois après avoir retrouvé la liberté, Serge Lazarevic peine à retrouver un quotidien paisible. Un sentiment que l’ancien otage d’Aqmi au Sahel a ressenti dès son arrivée en France lors de son accueil par François Hollande et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. "J’étais content de revenir bien sûr (...) mais mon univers, ce n’était pas le leur. Moi j’étais encore dans une espèce de voyage, une transition. Enfin, c’est difficile à expliquer. J’étais avec eux sans être avec eux", se souvient le cinquantenaire sur iTélé lundi.

La suite a été tout aussi difficile pour lui. "Le premier jour, c’est le tapis rouge. Le deuxième, c’est le coup de pied au cul. C’est horrible mais c’est comme ça", commente-t-il, ajoutant qu’il "s’attendait à mieux mais bon..." "Euphorique" les 15 premiers jours suivants sa libération, Serge Lazarevic a "retrouvé des forces qu’il n’avait pas eues depuis trois, quatre ans". C’est après qu’il s’est "écroulé" et "vu que [son] chemin de croix ne faisait que commencer". "C’est une espèce de tunnel. Je n’en sors pas. Je n’arrive pas à m’en sortir. Là je parais bien mais à l’intérieur c’est une espèce de volcan", poursuit-il.

"Avec ma fille, on s’est même un peu fâchés"

Serge Lazarevic affirme même qu’il était "mieux au Mali parce qu’au moins je savais pourquoi j’étais là-bas". "J’étais torturé tous les jours, j’étais une espèce de folie humaine", explique-t-il. En France, il "s’attendait à une aide" qui n’est pas venue. Ce qui lui fait dire qu’"ici, [sa] vie est encore plus détruite qu’avant". A commencer par ses liens avec ses proches. Si "la famille, c’est le bonheur", l’ancien otage a souhaité prendre de la distance. "Ils ont leur vie. Je les éloigne un peu de moi, tous, parce que je ne voulais plus qu’ils s’occupent de ma vie. Eux aussi ont été atteints psychologiquement. Tous. C’était dur", souligne-t-il.

Idem pour sa fille Diane, qui a lutté pour sa libération. "Elle va mettre du temps à se remettre. C’est pour ça que je lui ai dit ’éloigne-toi’. On s’est même un peu fâchés. Mais c’est mieux pour elle parce que je voulais la préserver. Elle n’avait plus besoin de s’occuper de Papa, Papa était là", dit-il. Son avenir ? Il ne "le voit pas". "Je vis toujours au jour le jour", assure-t-il. Et de conclure : "Je ne sais pas combien de temps je vais mettre pour me remettre de tout ça, mais je pense que ça va prendre quelques années".

Source : lci.tf1.fr
Date : 22 juin 2015


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