Le tribunal de Paris a relaxé lundi Airbus et Air France sur le plan pénal après le crash du Rio-Paris qui a fait 228 morts en 2009.
Une décision que les proches des victimes ne digèrent pas, quand bien même les deux firmes ont vu leur responsabilité civile engagée.
La pilule ne passe pas. Quatorze ans après le drame, le tribunal correctionnel de Paris a mis hors de cause, lundi, Airbus et Air France sur le plan pénal pour le crash du Rio-Paris qui a fait plus de 200 morts. Si des "imprudences" et "négligences"ont pu être commises, "aucun lien de causalité certain" n’a "pu être démontré" avec l’accident le plus meurtrier de l’histoire des compagnies françaises, indique l’instance. Le juge a, en revanche, engagé la responsabilité civile des deux firmes, estimant que leurs "fautes" avaient conduit à une "perte de chance", soit à augmenter la probabilité que l’accident arrive. Une nouvelle audience aura lieu le 4 septembre prochain pour calculer, à cet égard, les dommages et intérêts.
Je trouve la loi mal faite
Ophélie Toulliou
Cette petite concession n’empêche pas les entourages des victimes de se dire "écœurés" par cette décision. "Nous attendions un jugement impartial, ça n’a pas été le cas. Nous sommes écœurés", réagit Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447. "Il ne reste de ces 14 années d’attente que désespérance, consternation et colère", se désole-t-elle. "On nous dit : Air France et Airbus sont responsables, mais pas coupables. Et c’est vrai que nous, on attendait le mot coupable", abonde Me Alain Jakubowicz, un des avocats des parties civiles. "Non, cet accident n’est pas dû à la fatalité, oui, cet accident aurait dû être évité", martèle-t-il.
"Ça n’a pas de sens pour moi. J’ai un sentiment d’injustice. Je trouve la loi mal faite", lâche d’une voix brisée Ophélie Toulliou, qui a perdu son frère dans l’accident, partageant son "incompréhension".
Ce jugement, qui intervient à l’issue d’une procédure-marathon, était très attendue. À noter qu’à la fin du procès, qui s’est déroulé du 10 octobre au 8 décembre, le parquet avait requis la relaxe des deux entreprises, estimant que leur culpabilité était "impossible à démontrer".