Drame du Mont-Blanc : 10 ans après, la sécurité des tunnels doit encore progresser

Le 24 mars 1999, un camion s’embrase dans le tunnel du Mont-Blanc. L’incendie fait 39 morts, littéralement pris au piège du brasier. La polémique qui s’ensuit met en lumière les difficultés d’accès pour les secours ou encore le manque d’issues d’évacuation et pousse les pouvoirs publics à légiférer. Encore aujourd’hui, "l’incendie de poids-lourd est l’événement le plus redouté en tunnel", relève le Centre d’études des tunnels (Cetu), au ministère de l’Écologie.

Une circulaire parue en 2000, étendue par de nouveaux textes français et européens en 2004, 2005 et 2006, exige la mise aux normes des quelque 200 tunnels français longs de plus de 300 mètres. Les tunnels déjà construits doivent notamment procéder, au moins une fois par an, à des exercices de secours et à un suivi régulier des infrastructures.

Pour les tunnels en cours ou futurs, les textes exigent la multiplication des issues de secours et de galeries d’évacuation. La signalisation et les dispositifs de désenfumage doivent aussi être améliorés, tandis qu’une série de diagnostics de sécurité a été lancée par les pouvoirs publics. Si le niveau de sûreté n’est pas jugé suffisant, le préfet peut alors exiger des restrictions de circulation le temps que les travaux soient effectués, explique-t-on au secrétariat d’État aux Transports. Pour les plus gros tunnels, une équipe de secours à chaque extrémité doit se tenir prête en cas d’accident.

"Un accident comme celui du Mont-Blanc peut se reproduire" (association de familles de victimes)

Sur les 85 tunnels qui sont du ressort de l’État (les autres relevant des collectivités locales), 77 ont été diagnostiqués et 8 études sont en cours. Pour le moment, seuls 33 ont subi des travaux de sécurisation. Ils seront tous prêts pour la date butoir de fin 2013 exigée par la loi, assure le secrétariat d’État. "1,35 milliard d’euros a déjà été dépensé pour le programme de sécurisation des tunnels [de l’État] et un milliard supplémentaire le sera d’ici fin 2013", fait valoir Dominique Bussereau.

Mais ces travaux arrivent bien tard, pour l’Association de défense des familles des victimes de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. "Un retard considérable a été pris", regrette son président André Denis, soulignant qu’il reste beaucoup de tunnels dangereux, quasiment dépourvus d’issues de secours. "Un accident comme celui du Mont-Blanc peut aujourd’hui se reproduire", assure-t-il, citant notamment les tunnels franciliens, particulièrement fréquentés et dont les travaux débutent à peine. Vingt-deux tunnels franciliens devront subir des travaux pour un coût de 500 millions d’euros. Les travaux du tunnel sous La Défense, le plus long d’Île-de-France avec ses 4,1 km, ont démarré en août dernier et devront durer cinq à six ans.

Pour le tunnel du Fréjus (Savoie), les travaux de construction de la galerie de sécurité, qui devaient commencer début 2009, sont finalement prévus, si tout va bien, "avant l’été", selon le directeur général de la société concessionnaire du tunnel Didier Simonnet. Le tunnel "sera progressivement mis aux normes d’ici 2014", promet le responsable. Mais malgré tous les textes législatifs, "un tunnel reste toujours dangereux", pointe encore André Denis. Selon lui, il reste beaucoup à faire pour informer les automobilistes et routiers des dangers du tunnel et des précautions à prendre.

Le Point - 24 mars 2009

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