Attentat du London Bridge : un mois après, les Frenchies pansent leurs plaies

Trois Français ont péri dans l’attentat du London Bridge, il y a un mois. La communauté française tente de tourner la page.

Endeuillé il y a un mois par l’attentat du London Bridge, le Borough Market accueille ce dimanche le Bastille Day, une fête destinée aux Français de Londres. L’occasion de tenter de tourner la page après cette nuit d’horreur qui a fait huit victimes dont trois Français. Deux d’entre eux, Alexandre Pigeard et Sébastien Bélanger, travaillaient dans ce quartier à l’accent très frenchy.
« C’est sûr, l’ambiance va être vraiment particulière, il y aura de l’émotion », pressent Charles, la vingtaine, vendeur au French Comté, une épicerie française. Laurence, Londonienne depuis trente ans, vend des fromages anglais sur le marché de Borough. Chez elle le soir du 3 juin, elle se souvient : « J’avais les yeux vissés sur mon écran, impossible de m’en détacher ! » Eka, elle, est restée longtemps couchée derrière le comptoir pour se cacher. Sophie, vendeuse chez Olivier’s Bakery, devait rester boire un verre pour le départ d’un collègue. Elle avait finalement dû rentrer chez elle. « Les autres sont partis juste avant que ça n’arrive. Malheureusement, il y a eu ce pauvre Alexandre... » Alexandre Pigeard, 27 ans, Normand d’origine, travaillait comme serveur à côté, au Boro Bistro. Très apprécié, il rêvait d’ouvrir avec l’un de ses patrons un nouvel établissement d’ici un ou deux ans.
De notre correspondante Marion L’Hour, à Londres (Royaume-Uni)
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Trois Français ont péri dans l’attentat du London Bridge, il y a un mois. La communauté française tente de tourner la page.

Endeuillé il y a un mois par l’attentat du London Bridge, le Borough Market accueille ce dimanche le Bastille Day, une fête destinée aux Français de Londres. L’occasion de tenter de tourner la page après cette nuit d’horreur qui a fait huit victimes dont trois Français. Deux d’entre eux, Alexandre Pigeard et Sébastien Bélanger, travaillaient dans ce quartier à l’accent très frenchy.
« C’est sûr, l’ambiance va être vraiment particulière, il y aura de l’émotion », pressent Charles, la vingtaine, vendeur au French Comté, une épicerie française. Laurence, Londonienne depuis trente ans, vend des fromages anglais sur le marché de Borough. Chez elle le soir du 3 juin, elle se souvient : « J’avais les yeux vissés sur mon écran, impossible de m’en détacher ! » Eka, elle, est restée longtemps couchée derrière le comptoir pour se cacher. Sophie, vendeuse chez Olivier’s Bakery, devait rester boire un verre pour le départ d’un collègue. Elle avait finalement dû rentrer chez elle. « Les autres sont partis juste avant que ça n’arrive. Malheureusement, il y a eu ce pauvre Alexandre... » Alexandre Pigeard, 27 ans, Normand d’origine, travaillait comme serveur à côté, au Boro Bistro. Très apprécié, il rêvait d’ouvrir avec l’un de ses patrons un nouvel établissement d’ici un ou deux ans.

3 000 visiteurs attendus

Marqué par l’attaque du 3 juin, le personnel du restaurant n’a rouvert qu’il y a une semaine. Sans publicité, mais il a fallu faire la queue pour rentrer. Voilà le contexte particulier dans lequel va commencer le Bastille Day cette année, où 3 000 visiteurs sont attendus. Depuis dix ans, l’événement propose aux 200 000 Français de Londres des animations, concerts, cours de cuisine, concours de pétanque... Dans la foulée des attentats, la question d’annuler ces festivités s’est posée : « Les responsables du marché nous ont demandé une dizaine de jours pour réfléchir », raconte Catherine Smadja, présidente de l’Association des Français de l’étranger, l’une des organisatrices. Les commerçants, consultés, ont dit oui, sans hésiter. « Ils voulaient montrer que les attentats n’empêchent pas de célébrer les valeurs républicaines et universelles », poursuit la Française installée au Royaume-Uni depuis dix-sept ans.
Pourtant, les membres de cette communauté ont perdu, pour certains un ami, un collègue et depuis l’attentat, tous les commerçants en conviennent, l’état d’esprit a changé. Pas question de rentrer en France, non, « le risque d’attentat existe partout », souligne Charles, ancien Parisien. Mais il s’est tissé une véritable solidarité. Sophie, qui fournit son pain croustillant au Boro Bistro, n’a pas voulu aborder la disparition d’Alexandre avec ses collègues. « Mais je leur ai apporté des viennoiseries, cette semaine, juste pour qu’ils se sentent bien. » Avec les clients aussi, ce Bastille Day s’annonce bien différent de celui de l’an dernier. La fête suivait de près le vote sur le Brexit. « Les gens sont plus attentifs maintenant, ils passent voir si on va bien, même sans acheter, constate Sophie. L’année dernière, l’un d’eux m’avait dit sur un ton menaçant : Vous savez, moi, j’ai voté pour le Brexit... Vous avez eu de la chance d’être là avant ! » Au Borough Market, l’heure est au rassemblement.


Date : 09/07/2017

Auteur : Marion L’Hour

Source : Le Parisien

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