Accident de manège : prison avec sursis pour le gérant

Le tribunal de Saint-Omer venait de condamner Charles Vanhée, propriétaire du parc d’attractions de Tournehem, à un an de prison avec sursis plus 1 500 euros d’amende. Quant à la Sarl Vanhée, elle écope, en tant que personne morale, d’une amende de 10 000 euros. Par ailleurs, le tribunal ordonne la confiscation du manège.

Ce jugement met un terme à plus de trois ans de souffrances chez les victimes qui, le 29 avril 2007, alors qu’elles se trouvaient à bord des nacelles du Parachute, ont lourdement chuté au sol après la rupture d’une chaîne. Malgré « le flou artistique » qui entourait la législation de l’époque, lié notamment à l’entretien des manèges, le tribunal a reconnu Charles Vanhée coupable des faits qui lui étaient reprochés, notamment le défaut d’entretien de l’attraction.

Quand le forain prend la tête de Bal Parc fin 2006, il décide d’investir dans de nouveaux manèges. Il se porte acquéreur du Parachute pour 15 000 euros, malgré l’absence de notice technique et de carnet d’entretien.

Confiscation du manège

L’attraction, vieille de 35 ans, présente pourtant des signes évidents de vétusté avec notamment d’importantes traces de corrosion qu’il tente d’effacer sous une couche de peinture. Rien d’étonnant finalement quand les victimes apprennent lors du procès que l’attraction n’a pas fonctionné entre 2000 et 2007 et qu’elle a été stockée tantôt dans un hangar, tantôt à l’air libre, subissant les affres des intempéries.

Depuis le jour de l’accident, Charles Vanhée décline toute responsabilité.
Le 5 octobre, à la barre, il maintenait sa position. « Je ne me sens pas responsable. Si on m’avait dit qu’il fallait changer la chaîne qui a causé l’accident, je l’aurais fait. C’est comme pour le contrôle technique d’une voiture. Si le garagiste me dit qu’il faut changer les freins, je le fais sans hésiter. C’est une question de sécurité. Je ne joue pas avec la vie des gens. Je suis forain depuis 40 ans et je n’ai jamais eu un seul accident. » Charles Vanhée a désormais dix jours pour faire appel.

Un second procès ? Lydie Miellot ne veut pas en entendre parler. Pour elle, cette décision de justice met un point final à trois ans de souffrances. « Je suis soulagée. On peut enfin se dire qu’on a gagné. Avec ce jugement, on peut tourner la page. Même si les douleurs physiques resteront toujours présentes, on va pouvoir commencer à oublier petit à petit l’accident. »
« On n’oubliera jamais »

Un accident qui hante encore les esprits de la Calaisienne presque tous les
jours, même si depuis le drame, elle n’a plus jamais osé monter à bord d’une attraction. « A chaque fois que je me rends dans une fête foraine ou que j’entends aux informations un accident de manège, je ne peux m’empêcher de revoir toute la scène. Une chose est sûre, si les cauchemars vont finir par s’estomper, on n’oubliera jamais cet accident. »

Le procès aura aussi eu le mérite d’avoir pour les victimes une vertu thérapeutique. « On a enfin compris ce qui s’était passé. C’était important de savoir. » Et avant de quitter le tribunal, la présidente de l’association des victimes s’est empressée d’aller remercier Pascal Marconville, le procureur de la République : « Depuis le début, il nous a toujours soutenus. Sans lui, il n’y aurait sans doute jamais eu de procès. » Et la Calaisienne de saluer « une justice humaine qui a su nous écouter. » L’audience civile de liquidation des dommages et intérêts est programmée le 20 janvier 2011.

T.S-M. Nord Littoral 3 novembre 2011


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