PROCÈS DES ATTENTATS DE JANVIER 2015 I LES PREMIERES PLAIDOIRIES DES PARTIES CIVILES TRANCHENT AVEC L’INTERROGATOIRE DECONCERTANT DU PRINCIPAL ACCUSE

La semaine a débuté par l’interrogatoire d’Ali Riza Polat, seul accusé renvoyé pour complicité d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Toute la première matinée, le président l’a questionné, les réponses se résumant souvent par « je ne comprends pas » ou « vous ne comprenez pas ». Le ton est parfois monté, alors qu’il n’est pas parvenu à expliquer pourquoi le soir du 9 janvier il s’est précipité en Belgique pour récupérer auprès de ses acolytes belges une somme d’argent issue d’une escroquerie automobile. « Mon cerveau a disjoncté » répète-t-il. Celui qui se décrit comme faisant simplement des magouilles n’a pas non plus convaincu sur ses tentatives de rallier la Syrie le 12 janvier 2015, alors qu’il était au Liban : « Je voulais aller à Damas, pas en Syrie » dit-il.
Sa mère et son frère ont également été auditionnés par la Cour. Tous deux ont pris la défense de A. Polat, aussi appelé « Zafer », la première ayant toutefois surpris la salle en répondant ne pas connaître le sens des mots « mécréants » et « cocaïne ».

Un proche de A. Polat, qui a déposé contre lui dans le cadre de l’instruction, s’est aussi démarqué par ses contradictions à la barre, par rapport à ce qu’il avait déclaré lors de ses interrogatoires auprès des forces de l’ordre. Tant la Cour que le Ministère public ont cherché à savoir si ses déclarations incohérentes étaient motivées par un règlement de compte entre escrocs ou par l’œuvre du temps effaçant les mémoires. Peu de réponses seront apportées par l’intéressé à cette histoire d’escroquerie immobilière et d’assassinat d’un « petit du quartier », que A. Polat a de nombreuses fois évoqué au cours de ce procès pour justifier les accusations dont il fait l’objet.

L’interrogatoire se déroulant sur deux jours s’est poursuivi le lendemain avec les mêmes réfutations de l’accusé, niant toujours toutes charges contre lui.
Il a souhaité pointer les incohérences de l’accusation mais a souvent esquivé les questions qui pouvaient le mettre en cause en tournant en boucle sur d’autres éléments.
L’audience a été suspendue avant l’intervention de la défense à la demande du Président afin de mettre un terme à cette journée déconcertante.
Ali Rizat Polat n’aura en tout cas pas éclairé la Cour sur la manifestation de la vérité durant ces deux journées.

Cet interrogatoire s’est finalement fini lors de la troisième matinée de la semaine par les questions de ses avocats. Réaffirmant n’avoir jamais été le bras droit de Coulibaly dans la préparation des attentats et qu’il ne connaissait pas les desseins terroristes de ce dernier ; il a soutenu également qu’il n’avait jamais eu de contact avec les Kouachi. Sur sa potentielle radicalisation, il a clamé qu’il n’était pas un terroriste, qu’il n’avait rien du tout contre la communauté juive et qu’il n’avait jamais eu un quelconque contact avec des membres d’Al-Qaida ou de Daech. Il se considère comme un bouc-émissaire dans le cadre de cette affaire précisant qu’il commettait uniquement des infractions de droit commun, et qu’il n’était pas un assassin.
Cette même journée où se clôturait son interrogatoire, A. Polat a fait un malaise en début d’après-midi entrainant la suspension de l’audience jusqu’au lendemain matin et ce malgré le reconfinement décidé le soir même.

Les avocats des parties civiles ont démarré leurs plaidoiries en fin de semaine avec une ouverture de cette phase par l’AfVT et La FENVAC.

Parlant d’une seule voix, Les avocats des associations ont rappelé le rôle central de ces dernières auprès des victimes : accompagner celles et ceux qui ont choisi de dépasser leur condition victimaire et de faire leur carburant la lutte contre le terrorisme. Les représentants n’ont par ailleurs pas manqué de souligner que le terrorisme était entre autre financé par des infractions de droit commun dont les trafics en tout genre. Trafics derrière lesquels les accusés ont tenté à plusieurs reprises de se cacher pour nier leur implication dans l’islam radical et le terrorisme.

Les avocats ont clôturé reconnaissant que si le nombre de 74 plaidoiries de parties civiles était conséquent, aucune d’entre elle n’a choisi d’être victime.

Lundi se poursuivront les plaidoiries des parties civiles.

Retrouvez la suite du compte-rendu ci-joint :

Compte-rendu du procès de Janvier 2015 - semaine du 19 au 23 octobre 2020
Compte-rendu du procès de Janvier 2015 - semaine du 26 au 29 octobre 2020

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