"On parle toujours de l’attentat de Nice, de Paris mais Grand-Bassam, jamais". Il y a trois ans elle perdait son mari dans l’attentat de Côte d’Ivoire

Le 13 mars 2016, un attentat terroriste frappait la station balnéaire de Grand-Bassam. Parmi les victimes : Jean-Pierre Arnaud, un Cagnois tué par balles en Côte d’Ivoire.

La voix est douce, le sourire triste et le cœur dévasté. Trois ans aujourd’hui que le mari d’Anne-Marie, Jean-Pierre Arnaud, 75 ans, a été assassiné dans l’attentat de Grand Bassam.

Il est l’un des deux Azuréens tués dans l’attaque qui a fait 19 morts, le 13 mars 2016, dans cette station balnéaire de Côte d’Ivoire, avec Jean-Edouard Charpentier, 78 ans, du Cannet. Quatre Français y avaient perdu la vie. Ce bon vivant laisse deux filles inconsolables, Chloé et Coralie.

«  Trois ans après, je n’en dors toujours pas  », confie sa veuve, installée à Saint-Laurent-du-Var où son mari, Cagnois d’origine, a été inhumé. Jean-Pierre Arnaud militaire de Saint-Mandrier, était nageur de combat. «  Cette date du 13 est d’autant plus douloureuse que c’est celle de notre anniversaire de mariage. Nous nous étions unis le 13 mars 1975  », témoigne Anne-Marie.

LE DOULOUREUX RETOUR DES DJIHADISTES

Jean-Pierre Arnaud revenait ce jour-là d’une promenade à vélo. Il a été tué par balles sur la plage, pris dans le feu de l’attaque.
«  Je pense très fort à toutes les victimes, et notamment aux trois autres français, en cette date anniversaire. Ça me bouleverse  », confie Anne-Marie.

Le 19 novembre 2016, lors de l’hommage national aux victimes du terrorisme à Paris, en présence de François Hollande, président de la République, l’une de ses deux filles avait touché la France au cœur dans un discours terriblement émouvant. «  C’était un homme rare et un papa d’exception  », avait témoigné Chloé, aviatrice basée à Salon-de-Provence.

Aujourd’hui, tout replonge encore la famille dans le drame. Il en est ainsi quand un nouvel attentat survient. Ou quand l’actualité les y ramène. «  Savoir que 140 ou 160 djihadistes pourraient revenir en France, je ne supporte pas  », témoigne Anne-Marie.

Elle recevra prochainement la médaille nationale des victimes du terrorisme. Son mari a été décoré de la Légion d’honneur. Une reconnaissance. Malgré cela, elle estime que les victimes de Grand-Bassam sont trop souvent oubliées. «  On parle toujours de l’attentat de Nice, de Paris, mais Grand-Bassam, jamais, jamais, jamais  ! Souvent sur Facebook, je rajoute en commentaire “Et Grand-Bassam, et Grand-Bassam…  »

Depuis l’attentat, Anne-Marie s’est investie dans la Fédération des victimes d’attentat (Fenvac). Elle y côtoie Françoise Gourdel, la femme du guide niçois Hervé Gourdel, assassiné par des djihadistes le 23 septembre 2014 en Algérie.

La liste des martyrs de la Côte d’Azur est si douloureusement longue que c’en est insupportable…

Publié par Nice Matin le 13 mars 2020.

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