Maître Jonas Haddad a lancé plusieurs procédures

Maître Jonas Haddad a lancé plusieurs procédures après l’incendie de l’usine de Rouen, classée Seveso, survenu le 26 septembre.

« Avec Maître Leclerc, nous n’avons pas voulu faire de recours collectif, mais du sur-mesure », explique Jonas Haddad. AFP/Lou Benoist

Par Émilie Torgemen
Le 6 octobre 2019 à 20h37, modifié le 7 octobre 2019 à 14h12

Alors que les retombées de l’incendie de Lubrizol survenu il y a plus d’une semaine ne cessent d’inquiéter les riverains, Me Jonas Haddad et Me Grégoire Leclerc ont engagé des procédures pour 80 clients.

Combien de personnes ont fait appel à vous ?

JONAS HADDAD. Des dizaines de personnes de typologies très différentes : des chauffeurs de bus qui ont eu des malaises, des restaurateurs qui ont dû fermer ; des particuliers victimes d’évanouissement ou d’éruptions cutanées. À la date de vendredi, au moins quatre-vingts plaintes ont été déposées. Et mon cabinet reçoit tous les jours de nouvelles demandes au fur et à mesure que les résultats rendus publics inquiètent un peu plus…

Vous parlez des listes de produits brûlés qui a été rendue publique mardi ?

Bien sûr. Plus de 5000 t de produits chimiques ont brûlé. C’est l’équivalent d’une marée noire, mais dans l’air, que nous avons vécu à Rouen. La question qui se pose est celle de l’effet cocktail, c’est-à-dire de la dangerosité de ces produits une fois qu’ils seront mélangés. C’est ce qui s’était passé en Italie à Seveso en 1976 ( NDLR : un nuage de pesticides qui avait provoqué l’hospitalisation des enfants voisins et la mort d’animaux d’élevage ). C’est ce qui a créé la classification des installations dangereuses en Europe. Il ne faudrait pas que la même chose se produise au niveau rouennais. Aujourd’hui, la question de la qualité de l’air, de l’eau, des sols reste en suspens. À Rouen vendredi, soit huit jours après les faits, il y avait encore une très forte odeur d’essence.

Quelles procédures avez-vous engagées ?

Avec Maître Leclerc, nous n’avons pas voulu faire de recours collectif, mais du sur-mesure. Parce que chaque personne qui s’est tournée vers nous a subi un dommage bien singulier. Bien sûr, ce sera plus long et plus fastidieux. Toutes les plaintes ont été engagées au nom du Code pénal et du Code de l’environnement pour dommage corporel, manquement à l’obligation de sécurité, mise en danger de la vie d’autrui ou pour rejet de substances nocives pour la faune, la flore et la santé humaine. Ensuite viendra le volet civil pour évaluer finement l’évolution de l’état de santé des plaignants ou de leurs pertes économiques.

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