Il y a un an, la tempête Xynthia faisait 47 morts, principalement sur le littoral atlantique, une catastrophe nationale qui a soulevé des questions sur l’urbanisation côtière et la prévention des risques d’inondation. Un hommage officiel et une messe ont eu lieu dimanche à La Faute-sur-Mer, station balnéaire de Vendée qui a déploré 29 morts l’an dernier et vient tout juste d’adopter son "plan communal de sauvegarde", un système d’alerte avec sirènes et haut-parleurs.
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, l’effet combiné de vents violents et de forts coefficients de marée avait entraîné en pleine nuit une brusque montée des eaux le long du littoral charentais et vendéen, submergeant quais, digues et dunes, surprenant les riverains dans leur sommeil. En quelques minutes, les flots envahissent les maisons. Certains se réfugient à l’étage de leur habitation, sur les toits ou même dans les arbres, attendant désespérément dans une nuit glaciale des secours débordés. D’autres sont piégés. Il faudra plusieurs jours pour dénombrer les morts, 41 au total sur le littoral, 29 en Vendée et 12 en Charente-Maritime, notamment à Charron, Aytré et Châtelaillon-Plage.
"Catastrophe nationale" (Sarkozy)
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy se rend sur place. Évoquant une "catastrophe nationale", il promet d’engager la réflexion "sur le plan de l’urbanisme pour qu’une catastrophe de cette nature ne se reproduise plus". Cinq semaines plus tard, le gouvernement présente la cartographie des "zones d’extrême danger où il n’est pas acceptable de laisser les habitants se réinstaller". Le tracé de ces "zones noires" qui incluent 1 510 maisons suscite la colère de propriétaires qui déplorent le manque de dialogue.
Les promesses de l’État d’indemniser "totalement" n’apaisent en rien le courroux des riverains contre ces "zones noires", qui furent vite rebaptisées, moins dramatiquement, "zones de solidarité". Finalement, début juin, les autorités assurent qu’"aucune maison ne sera rasée sous la contrainte" et promettent une nouvelle étude parcelle par parcelle. En Vendée, les périmètres définitifs sont établis le 1er octobre, mais les expertises se poursuivent toujours dans quatre zones de Charente-Maritime. Au total, 1 113 habitations ont fait l’objet d’un accord pour acquisition à l’amiable par l’État. Les "déconstructions" pourraient débuter dès le mois de mars en Vendée.
Actions en justice
Parallèlement, 190 chantiers visant à renforcer digues et cordons dunaires ont été menés en urgence en 2010 pour un montant de 42,6 millions d’euros dans les deux départements. D’autres travaux sont prévus dans le cadre du nouveau plan national "submersions rapides" (500 millions d’euros) destiné à renforcer près de 1 200 kilomètres de digues sur la période 2011-2016.
Sur place, les populations s’inquiètent encore pour leur sécurité. Samedi dernier, environ 200 personnes ont formé une chaîne humaine à Yves (Charente-Maritime) pour demander la consolidation d’une dune mise à mal par Xynthia.
Côté judiciaire, deux plaintes sont entre les mains du parquet de La Rochelle, l’une déposée par une quarantaine de personnes contre la mairie de Charron, l’autre contre X par un particulier de Boyardville. En Vendée, la justice tente d’établir les responsabilités, notamment à La Faute-sur-Mer où la plupart des morts vivaient dans des lotissements construits en dessous du niveau de la mer. L’information judiciaire a été ouverte fin novembre aux Sables-d’Olonne sur plainte de l’Association des victimes des inondations du Sud-Vendée (Avif) et de quarante victimes.
Le Point.fr - Publié le 27/02/2011