Le Marocain Ayoub El Khazzani, le tireur mandaté par l’organisation État islamique (EI) pour commettre un attentat contre un train Thalys en août 2015, a été condamné jeudi 8 décembre en appel à la réclusion criminelle à perpétuité pour « tentatives d’assassinats terroristes ».
La cour d’assises spéciale présidée par David Hill a suivi à la lettre les réquisitions du ministère public en assortissant la peine d’une période sûreté de vingt-deux ans.
L’accusé exprimé ses « regrets » et sa « honte » pour l’acte qu’il comptait accomplir, au dernier jour de son procès en appel. « Est-ce que je regrette ? Comment voulez-vous que je ne regrette pas ? », a dit l’accusé aux juges avant que la cour d’assises spéciale se retire pour délibérer.
« Comment voulez-vous que je ne regrette pas d’avoir tiré dans le dos (du passager) Mark Moogalian ? La balle lui est sortie dans le cou. J’ai eu beaucoup de chance qu’il ne meure pas », a dit, en arabe, le Marocain de 33 ans, debout dans son box. « Comment voulez-vous que je ne regrette pas toutes les victimes du train que j’ai terrorisées », a-t-il poursuivi. « Je vous jure que je regrette tout ce que j’ai commis. C’est un regret amer. J’ai honte de ce que j’ai fait », a-t-il insisté.
Ayoub El Khazzani a également présenté ses excuses à la Belgique (où il s’était caché après son retour clandestin de Syrie), à la France et à l’Espagne (où il vivait avec sa famille). « Je les ai trahis », a-t-il déploré. « En tant que Marocain j’ai aussi apporté de l’humiliation à mon pays », a-t-il poursuivi. « J’ai honte », a-t-il répété avant de souligner qu’il accepterait la décision de la cour quelle qu’elle soit.
En première instance, Ayoub El Khazzani avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans. Dans son réquisitoire mercredi 7 décembre, l’avocate générale avait réclamé une peine identique en arguant qu’il « ne faut pas redonner à El Khazzani l’occasion de recommencer ce qu’il n’a pas pu exécuter ». « Si vous le condamnez à perpétuité, c’est parce que vous voudrez qu’il ne sorte jamais », a plaidé de son côté le conseil de l’accusé, Me Martin Méchin, en rappelant que son client était à l’isolement depuis sept ans.
Il a appelé la cour à « enrayer cette machine implacable » et d’« avoir le courage de dire : Il y a un petit espoir » qu’Ayoub El Khazzani puisse un jour sortir de prison « sans que personne n’ait peur ». « Cela prendra du temps », a-t-il concédé. La décision est attendue en fin de journée.