Attentat déjoué du Thalys : perpétuité requise en appel contre Ayoub El-Khazzani

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise, mercredi 7 décembre, à l’encontre d’Ayoub El-Khazzani, tireur mandaté par l’organisation Etat islamique (EI) pour commettre un attentat à bord d’un train Thalys en août 2015 et jugé en appel devant la cour d’assises spéciale de Paris.

« Il ne faut pas redonner à El-Khazzani l’occasion de recommencer ce qu’il n’a pas pu exécuter », a dit l’avocate générale au terme de son réquisitoire. Elle a demandé à la cour présidée par David Hill de condamner le Marocain de 33 ans à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, à l’interdiction définitive du territoire et à son inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait).

En première instance, Ayoub El-Khazzani avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans. « Si vous le condamnez à perpétuité, c’est parce que vous voudrez qu’il ne sorte jamais », a plaidé le conseil de l’accusé, Me Martin Méchin, en rappelant que son client était à l’isolement depuis sept ans. Il a appelé la cour à « enrayer cette machine implacable » et à « avoir le courage de dire : “Il y a un petit espoir” » que M. El-Khazzani puisse un jour sortir de prison « sans que personne ait peur ». « Cela prendra du temps », a-t-il concédé.

« S’il n’y a pas eu un seul mort » à bord du Thalys Amsterdam-Paris, le 21 août 2015, « ce n’est pas grâce à M. El-Khazzani mais à l’intervention héroïque de passagers », avait auparavant relevé l’avocate générale. « Son intention meurtrière ne fait aucun doute », a estimé la magistrate en soulignant que « le noble combattant » de l’EI [comme il s’était lui-même qualifié] disposait d’une kalachnikov, d’un pistolet semi-automatique, d’un cutter et d’une bouteille remplie de liquide inflammable. Il était en outre porteur de près de trois cents munitions.

Parmi les passagers qui l’ont neutralisé, figurent deux soldats américains, alors en vacances en Europe. Avant d’être maîtrisé, Ayoub El-Khazzani a blessé d’une balle dans le dos un passager qui avait réussi à s’emparer de sa kalachnikov, a rappelé la magistrate.

Au cours de son procès en appel, l’accusé a peu varié dans ses déclarations, affirmant que ses « seules cibles » étaient des fonctionnaires de la Commission européenne, coupables à ses yeux « de donner les ordres aux forces de la coalition pour les bombardements en Syrie ». Il a exprimé des « regrets » pour son projet meurtrier et de la « compassion » pour les victimes. Il s’est dit « heureux » qu’il n’y ait pas eu de morts. Il n’a pas convaincu l’accusation qui, par la voix de l’avocate générale, a réaffirmé que « le but de M. El-Khazzani était de faire le plus de victimes possible ». Il aura l’occasion de s’exprimer une dernière fois jeudi matin avant que la cour ne se retire pour délibérer. La décision est attendue jeudi soir.

Crédit photos : Le Monde avec AFP, publié sur le site lemonde.fr

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