Tunisie : neuf suspects ont été interpellés au lendemain de l’attaque contre le Musée du Bardo

Au lendemain de l’attaque terroriste qui a frappé le cœur de Tunis, faisant au moins 21 morts, l’heure est à la mobilisation en Tunisie. Neuf personnes suspectées d’avoir été en relation avec les deux assaillants ont été interpellées, a annoncé la présidence dans un communiqué jeudi 19 mars, sans préciser le rôle et l’identité de ces suspects.
« Le chef du gouvernement (...) a indiqué que les forces de sécurité avaient pu arrêter quatre éléments en relation directe avec l’opération [terroriste] et cinq autres soupçonnés d’être en relation avec cette cellule. »
Les deux assaillants, tués lors de l’assaut de la police, ont été identifiés. L’un d’eux était surveillé par les services de sécurité.
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La Tunisie « en état de guerre »

Lors d’une réunion conjointe du Conseil supérieur de l’armée et du Conseil supérieur des forces de l’intérieur, le président a déclaré la Tunisie « en état de guerre ». Une mobilisation des forces de l’armée et de la police a été décrétée « pour éradiquer le terrorisme », a dit le président Essebsi, après la mort d’au moins 21 personnes, dont 20 touristes, selon le dernier bilan annoncé par le ministre de la santé dans la matinée, qui dénombre également 45 blessés, dont 37 toujours hospitalisés.
L’armée va participer à la sécurisation des grandes villes du pays. Des militaires seront notamment amenés à effectuer « des patrouilles à l’entrée et aux alentours des grandes villes » et cela se fera « dans la coordination la plus totale » avec la garde nationale (gendarmerie), selon la présidence.
Le ministre de l’intérieur français, Bernard Cazeneuve, se rendra vendredi soir à Tunis « pour rencontrer son homologue tunisien et examiner en commun l’ensemble du dispositif [de la coopération antiterroriste franco-tunisienne] qu’il faut encore davantage renforcer », a déclaré Manuel Valls lors d’une conférence de presse de présentation du nouveau projet de loi sur le renseignement français. Deux Français sont morts après l’attaque, et selon une déclaration du président François Hollande jeudi, « il y a une interrogation sur une troisième personne française ».
Plus d’escale à Tunis

Habib Essid a qualifié de « terrible » « l’impact économique » pour la Tunisie alors que le tourisme, déjà en crise, est l’un des secteurs stratégiques pour le pays. La première conséquence est l’annonce par le groupe italien Costa Croisières de l’annulation de toutes les escales de ses navires prévues à Tunis, suivie de peu par une annonce similaire de MSC Croisières. Les deux compagnies avaient des bateaux faisant escale dans le port de La Goulette, dans la banlieue de Tunis, mercredi. Plusieurs des victimes faisaient partie de leurs passagers.
L’attaque du Bardo est sans précédent pour la Tunisie depuis avril 2002 et l’attentat-suicide contre une synagogue à Djerba, revendiqué par Al-Qaida, qui avait coûté la vie à 14 Allemands, deux Français et cinq Tunisiens. C’est aussi la première fois depuis la révolution de janvier 2011 que des civils sont visés, alors que le pays s’est imposé comme un modèle de stabilité et d’ouverture dans le monde arabe, l’essentiel des Etats du printemps arabe ayant basculé dans le chaos et la répression.
Des appels à l’union nationale ont été relayés par la presse. « Institutions de l’Etat, société civile, médias et citoyens sont appelés à agir comme un seul homme pour placer les intérêts de la patrie au-dessus de toute considération politique, partisane, corporatiste ou idéologique », écrit le quotidien La Presse. Dès mercredi en fin d’après-midi, des rassemblements ont réuni plusieurs centaines de personnes dans la capitale tunisienne, scandant « Unité nationale contre la menace terroriste ».

lemonde.fr - le 19.03.2015


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