Incendie de Palasca : procès en Appel

Neuf années après le dramatique incendie de Palasca, Patrick Botey, chef du centre de secours de l’Ile Rousse à l’époque des faits, persiste et signe. Il assume totalement sa décision : « je pensais sincèrement que c’était la meilleure solution avec les moyens dont je disposais et compte tenu de la configuration des lieux », a t-il réaffirmé hier, devant la cour d’appel de Bastia présidée par Marie-Laure Piazza.

Opportune ou pas, cette décision qui consistait à positionner une colonne de camions de sapeurs pompiers sur une ligne d’arrêt au lieu-dit Lozari, sera néanmoins lourde de conséquences.

Le 17 septembre 2000, pris au piège par un retour de flammes, une « boule de feu », deux jeunes militaires de l’USC5 de Corte vont perdre la vie.

« J’avais opté pour une manoeuvre défensive »

Nicolas Cameau, d’Auxerre, n’aura pas le temps de rejoindre ses camarades réfugiés dans un engin et décède sur place.

Pascal Fauvel, grièvement brûlé, succombera un mois plus tard. Jérôme Pages, David Cohuau, Michel Brazet et Frédéric Kreit s’en sortiront in extremis avec de graves brûlures.

Également atteint, le lieutenant Jean-Paul Beneteau, alors chef du centre de secours de Calvi qui s’était rendu sur les lieux un peu plus tard, demeurera 45 jours dans le coma. Mais il n’aura pas conservé longtemps son statut de victime.

Condamné à 2 ans de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour « homicides involontaires, blessures involontaires et subornation de témoins » par le tribunal correctionnel de Bastia, Patrick Botey estime pourtant avoir été relevé de son commandement dès l’arrivée sur le site de ce supérieur hiérarchique.

« J’avais opté pour une manoeuvre défensive sur une ligne d’arrêt, dans l’attente de l’intervention des autres moyens, assure-t-il. Les personnels sont allés ensuite au-devant du feu dans le cadre d’une manoeuvre offensive, et cet ordre-là, ce n’est pas moi qui l’ai donné ».

Une certaine confusion demeure sur cette question.

Mais les experts ont souligné que la relève de commandement est très précisément réglementée (jusqu’à 11 conditions requises) et en l’occurrence ce jour-là, aucune communication officielle n’a été faite.

Aucune échappatoire

Les experts ainsi que de nombreux professionnels du feu ont par ailleurs désapprouvé la mise en oeuvre du dispositif sur une piste qui n’offrait « aucune échappatoire » alors que « les conditions de risque maximum étaient réunies ».

« Tous les ingrédients d’une catastrophe étaient effectivement en présence et le véritable chef du dispositif était bien le Lt Botey » pour l’avocat général, Hippolyte Savelli, qui requiert la confirmation de la peine prononcée en première instance. Sentiment que partagent les parties civiles, Mes Linda Piperi, Lyria Ottaviani et Gilles Simeoni, pour lesquels il y a eu « manquement à l’obligation de sécurité ».

Cela a été « totalement exclu par le réquisitoire définitif du Parquet », rappelle aussitôt Me Jean-Louis Seatelli, avocat de la défense, qui réclame « la vérité judiciaire pour un homme qui a 38 ans de service... D’autant qu’il apparaît clairement que la faute de Patrick Botey n’est pas la seule et on n’a pas établi de lien de causalité entre celle-ci et les faits ». Délibéré le 22 juillet.

Hélène Romani
Corse Matin


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