COMMUNIQUE - Crash de la Vèze : les familles dénoncent la lenteur de l’instruction

Nous reproduisons ci-après le communiqué de presse de l’association "AVEC Besançon", association membre de la FENVAC


L’Association des Victimes et Entourage du Crash de Besançon « AVEC Besançon » communique :

Le 19 octobre 2006 sur l’aérodrome de Besançon à 0h40 un avion Beechcraft 90 s’écrasait quelques secondes après son décollage avec à son bord 4 personnes dont une équipe médicale qui partait à Amiens pour y prélever un foie. Il n’y eut aucun survivant.

A l’issue de la rencontre du 23 mars 2009 avec les juges d’instruction, rencontre qui n’avait rien apporté de concret, les familles avaient retenu la détermination des magistrats de poursuivre des investigations très approfondies. Ce point positif était rassurant, quand bien même il leur fallait avoir conscience qu’il faudrait du temps puisque les juges n’annonçaient pas de conclusions avant fin 2009. Dix mois pus tard aucun élément supplémentaire n’est porté à leur connaissance !

Aujourd’hui voici quatre ans que les familles des victimes subissent la lenteur de l’instruction dans l’attente d’éléments juridiquement concrets. Elles sont sans nouvelles des juges, n’ont aucun retour des demandes d’actes formulées par leurs avocats car elles attendent plus des enquêtes qui sont insuffisamment approfondies. Elles ont le sentiment d’être totalement oubliées et sont inquiètes.
Quatre années à patienter que la justice opère alors que chaque jour l’attente vient amplifier la gradation de la douleur, leur souffrance reste intacte et s’attise sans la reconnaissance de la vérité, étape essentielle pour tenter de faire la catharsis.
Mais l’étape est aussi essentielle pour que tous les acteurs concernés par ces missions puissent pleinement intégrer tous les enseignements d’un tel accident.

Leur désarroi est total.

Pourquoi cette instruction est-elle au point mort, pourquoi le juge d’instruction ne communique-il pas ou ne souhaite t-il pas communiquer ?

Les enquêtes ont révélé de graves anomalies concernant le pilote. Mais pour autant cet accident ne fut point fatalité tant il y eut des négligences et des comportements irresponsables avant le vol, avant que les passagers de cet appareil soient prisonniers de cet horrible piège.

Comment peut-on concevoir que des hommes puissent se retrouver aux commandes de telles machines, sans que leurs compétences réelles soient au préalable rigoureusement vérifiées ?

Comment une compagnie aérienne transportant des passagers peut-elle recruter et nommer un commandant de bord qui ne soit pas habilité à assumer cette responsabilité et ne soit pas en possession des titres requis pour ce type de mission ? Comment est-ce possible ?
La réponse est simple : le pilote ne peut être tenu pour seul responsable ; cela n’est possible que s’il y a négligence ou malversation et il appartient à la justice de les mettre en évidence !

Alors que les négligences et malveillances qui ont pu conduire à une telle situation sont identifiées et connues, les familles des victimes ne comprennent pas pourquoi leurs des mises en examen ne sont pas prononcées.

L’association des victimes « AVEC Besançon » n’a d’autre alternative que de dénoncer la lenteur et le laxisme de cette instruction.

Cette lenteur est en totale opposition avec la réactivité de nos garçons qui ont sacrifié leur vie cette nuit là dans leur course contre la montre pour transplanter un organe. Ceci est irrespectueux de leurs familles qui sont plongées quotidiennement dans la douleur et le désarroi.

Cet accident a révélé les graves lacunes en matière de sécurité des vols sanitaires, notamment pour les vols de prélèvements et transports d’organes qui sont décrits par le BEA comme typiquement « des missions à risques exigeant une compétence élevée, immédiate et constante du pilote, ainsi qu’une conduite du vol rigoureuse ; compte tenu des enjeux et des caractéristiques de ce type de mission.
L’exploitation en équipage à deux permettrait de soulager le commandant de bord de la pression particulière inhérente à ce genre de vol et d’assurer une meilleure surveillance de la conduite du vol, notamment de nuit ».

Il apparaît clairement que la problématique de la sécurité pour ce type de mission est insuffisamment appréhendée puisqu’il n’existe aucune réglementation spécifique car considérée comme un vol de nuit banal.
Donc aujourd’hui, un accident à l’identique peut potentiellement se reproduire vu qu’aucune disposition corrective ou complémentaire n’a été ni mise en place, ni est à l’étude.

Les familles des victimes souhaitent que plus jamais un pareil accident, dans le même contexte, ne puisse se reproduire.
Elles s’emploient et agissent via l’association de victimes qu’elles ont constituée « AVEC Besançon » afin que, tout comme dans certains pays, de réelles dispositions soient mises en place en matière de sécurité des vols aériens sanitaires et plus particulièrement pour les missions de greffes d’organes.

Nos garçons nous laissent un magnifique exemple, encore faut-il qu’ils ne nous aient pas quittés dans ces horribles conditions pour rien !

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