Sarkozy n’oublie pas la Yemenia

Cinq jours après une manifestation réunissant des centaines de personnes à Marseille, Nicolas Sarkozy a reçu à l’Elysée les familles des victimes de l’accident de l’avion de la Yemenia Airlines, qui avait fait 152 morts le 30 juin 2009.
L’A310 effectuait la liaison Sanaa-Moroni le 30 juin 2009 quand il s’est abîmé en mer. L’accident avait fait 152 morts, dont 61 Marseillais. Seule une adolescente, Bahia, avait survécu. Un an plus tard, l’enquête n’a pas avancé et, surtout, les familles des victimes ne sont pas tenues informées.

Mais Nicolas Sarkozy s’est voulu rassurant lundi, alors qu’il recevait les représentants des associations des victimes. Le chef de l’Etat a réaffirmé "le plein engagement et la détermination des autorités françaises à tout faire pour que la lumière soit faite sur les circonstances de cette tragédie et que toutes les conséquences en soient tirées".

Une déclaration forte qui fait suite à une importante manifestation, à Marseille, mercredi dernier. Les proches et familles des victimes s’étaient réunis près du Vieux-Port pour dénoncer le silence des autorités sur les causes de l’accident. "Aujourd’hui, on ne connaît toujours pas les raisons du crash et Yemenia Airlines fait voler ses avions comme si rien ne s’était passé", déplorait alors Saïd Ahmada, porte-parole de l’association SOS Voyages Comores. En substance, des proches glissaient que l’Etat privilégie davantage l’enquête sur le crash du vol Air France Rio-Paris. Certains accusaient même le gouvernement de délaisser les victimes du vol Yemenia, au motif qu’elles sont en majorité franco-comoriennes.

Des indemnisations "discriminatoires"

Aussi, l’exécutif est monté au créneau la semaine dernière. Jean-Louis Borloo, dont le secrétariat d’Etat aux Transports est placé sous sa tutelle, a tancé les autorités comoriennes de publier le rapport d’enquête intermédiaire, ainsi que la communication des audits de l’ensemble des compagnies desservant cette partie de l’Océan indien. Lundi, Nicolas Sarkozy a réitéré cette demande.

Le président a également relancé la question de l’indemnisation des victimes, autre sujet à polémique. En effet, elle varie selon la nationalité et le lieu d’embarquement des victimes. Ainsi, elle a été fixée provisoirement entre 10.000 et 20.000 euros pour les Français, 8.000 euros pour ceux qui ont embarqué à Paris et 3.000 euros pour les autres. "Il faut respecter nos morts et notre pays. On préfère ne rien obtenir que d’accepter cette discrimination ", a déclaré le porte-parole du collectif comorien, Said Ahmed Elkabir. Si Nicolas Sarkozy ne s’est pas avancé sur la question, les indemnisations, fixées par les assureurs de Yemenia, pourraient être matière à discussion avec l’Elysée, au moment de la clôture de l’enquête.

Et comme pour assurer un peu plus que Nicolas Sarkozy n’oublie personne, le chef de l’Etat a évoqué le projet d’un mémorial en hommage aux disparus. Pour la mémoire collective.

G.V. (avec Reuters) - leJDD.fr / 5 juillet 2010


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