Drame de Beaurepaire : le procès attendu pour début 2009

Triste anniversaire. Il y a deux ans, l’incendie d’un ensemble de logements vétustes faisait six morts, rue de Beaurepaire, dans le quartier du Pile. Le point sur les suites judiciaires.

Ce courrier reçu la semaine dernière, de Mme Duquesne, une riveraine du boulevard de Beaurepaire, visiblement aussi touchée par le drame que les victimes directes et les rescapés. Cette dame affirme que si un travail remarquable a été fait pour aider les sinistrés (au passage, elle remercie la Ville pour cela), « la haine est toujours là, car le propriétaire est toujours en liberté ». Et d’ajouter : « Ces personnes ne peuvent pas faire leur deuil tant que le jugement n’est pas prononcé ».
On sait bien qu’elle a raison. Tous les psychologues diront que cette étape est nécessaire. Mais les familles touchées par cette tragédie vont encore devoir attendre quelques mois pour la vivre. Selon Me Fabrice Dandoy, avocat du DAL (l’association Droit au logement) et de quatre rescapés qui se sont constitué partie civile, le procès devant le tribunal correctionnel de Lille devrait avoir lieu dans le courant du premier semestre 2009.

En effet, l’instruction est aujourd’hui quasiment terminée. Elle s’est compliquée du fait des rapports contradictoires rendus par les experts qui ont examiné les locaux sinistrés. Au moins l’un d’eux penchait pour un dysfonctionnement au niveau de l’armoire électrique. Mais la dernière expertise en date conclut à un acte de malveillance, à tout le moins à une origine volontaire.

Le juge d’instruction, qui est toujours saisi, a donc remis son rapport au procureur qui a rendu ses réquisitions le 25 mars. Concernant l’acte précisément à l’origine de l’incendie mortel, il a été impossible d’en déterminer l’auteur. Trop de va-et-vient dans cet immeuble surpeuplé... Résultat : un réquisitoire de non lieu contre X.

Concernant le propriétaire, Christian Derache, un Français demeurant à Mouscron en Belgique, placé sous contrôle judiciaire dès le 22 août 2006, le parquet propose de le juger pour « mise en danger de la vie d’autrui, blessures involontaires, homicides involontaires et hébergement de personnes dans des conditions incompatibles avec la dignité humaine ».
Deuxième personne à être mise en examen : l’électricien qui a fait les travaux de mise en conformité, après que la ville a mis en demeure le propriétaire de s’y plier, à la suite d’un premier incendie des locaux en mars 2006. Même s’il est avéré que l’incendie n’est pas d’origine électrique, l’intervention de l’artisan aurait pu provoquer un drame. En effet, il aurait fait des travaux au moindre coût, ce qui l’amènera à comparaître pour mise en danger de la vie d’autrui. Plus grave, il aurait fabriqué une fausse attestation de conformité, normalement délivrée par un organisme indépendant, le CONSUEL (le comité national pour la sécurité des usagers de l’électricité). À ce titre, il devrait aussi être jugé pour faux en écriture.

La Voix du Nord, 20.08.2008


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