Comment évaluer les risques d’avalanche

Des spécialistes observent l’état de la neige pour tenter de prévenir skieurs randonneurs et autorité locales des risques d’avalanche, mesurés par une échelle allant de 1 à 5.

Nouvelle alerte concernant les avalanches. Trois départements pyrénéens - Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne et Pyrénées-Atlantique - ont été placés en alerte orange par Météo France. Le risque est de niveau 5, « très fort », dans les Hautes-Pyrénées et de niveau 4, « fort », dans les deux autres départements. Météo France estime que « des départs spontanés d’avalanches vont se produire particulièrement au-dessous de 2000 mètres d’altitude. Certaines de ces avalanches pourront menacer des secteurs routiers. » Chaque année, ce sont une trentaine d’immenses coulées de neige qui emportent tout sur leur passage : végétation, bâtiments mais aussi et surtout skieurs ou randonneurs.

On connaît deux grandes familles d’avalanches. « Les spontanées se produisent sous l’effet d’agents naturels : abondantes chutes de neige, pluie, rayonnement solaire », explique Pierre Etchevers, responsable du Centre d’étude de la neige (CEN) de Météo-France. Et les coulées de neige « provoquées », déclenchées par des personnes. Dans ce cas là, « les conditions météo influent peu : c’est plutôt la qualité de la neige et l’empilement des différentes couches qui sont déterminants », ajoute le responsable du CEN.

Des spécialistes sont tous les jours à la manœuvre pour évaluer au mieux les risques. Des repérages quotidiens sont ainsi effectués pour mesurer la hauteur du manteau neigeux, la température, les coulées observées… Météo-France dispose d’un millier de capteurs et travaille avec les pisteurs des stations de ski qui effectuent les relevés. 140 stations sont installées entre 1000 et 2500 mètres d’altitudes et une vingtaine de stations automatiques sont également réparties sur les sommets, entre 1700 et 3100 m d’altitude.

Pas une science exacte
La qualité de la neige a également son importance. « Les cristaux sont tous hexagonaux », rappelle Cécile Coleau, la coordinatrice de la prévision des risques avalanches à Météo-France, mais ils peuvent néanmoins avoir des formes très différentes. Les chercheurs tentent depuis peu de décrypter les propriétés physiques de la neige et de compléter une bonne connaissance empirique. Les spécialistes vont également regarder s’il s’agit d’une neige légère ou plutôt lourde. Plus il fait froid, plus elle sera légère. « Cela provoque des avalanches en aérosol », raconte encore Cécile Coleau car elles soulèvent un épais nuage de neige. Cela donne souvent des avalanches d’une très grande dimension qui progressent très vite et peuvent remonter sur le versant opposé.

À 0°C, la neige se densifie et quand les températures sont légèrement au-dessus de zéro, elle aura commencé à fondre dans sa chute et sera encore plus lourde une fois au sol. Ce type de neige que l’on trouve plus souvent au printemps ou éventuellement lorsqu’il pleut, provoque des avalanches plus compacts, qui entraînent l’ensemble du manteau neigeux mais qui sont beaucoup plus lentes.

« Le vent est également un facteur important », commente encore Cécile Coleau. Certains amas de neige instables, également appelés plaques à vent, sont brusquement soulevés par les masses d’air. Ils sont en cause dans près de la moitié des avalanches.

Le niveau des avalanches se mesure avec une échelle européenne allant de un à cinq. C’est volontairement qu’il n’existe pas de niveau zéro pour faire comprendre que le risque zéro n’existe pas. « C’est un outil d’aide à la décision, rappelle Cécile Coleau, il serait dommage de s’en priver. » Mais les prévisions dans ce domaine ne sont pas une science exacte. « Les bulletins ne sont en aucun cas une sorte de feu vert ou rouge. La montagne est un milieu hostile, il faut apprendre à bien la connaître » poursuit Pierre Etchevers. Tout le monde garde en mémoire les terribles avalanches qui se sont succédé dans les Alpes au cours de l’année 1970 à Val d’Isère et quelques jours plus tard à Villard de Lans provoquant des dizaines de morts.

Marielle Court, lefigaro.fr, 7 Février 2013


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