Queen Mary 2 : une cérémonie pour ne pas oublier

Après un dépôts de fleurs et de bougies au pied de la stèle érigée en la mémoire de ce drame, Il a été procédé à la lecture du nom des victimes.

Yves Violette, président de l’association des victimes, a ensuite pris la parole

Mesdames et Messieurs,

Victimes défuntes de nos familles, vous nous rassemblez, une 9ème fois, au côté des victimes blessées.

Ce moment , c’est d’abord pour nous celui du recueillement, recueillement à la fois personnel et aussi collectif, puisque nous sommes ici pour manifester publiquement notre attachement à ceux que nous aimons toujours et rappeler notre volonté que ce drame ne soit ni oublié, ni renouvelé de quelque manière.

Depuis la cérémonie précédente, nous avons connu l’aboutissement du marathon judiciaire, par l’arrêt prononcé le 18 janvier, qui a relaxé les deux prévenus de Chantiers, pourtant condamnés par la Cour d’Appel de Rennes en juillet 2009.

Cette décision reste pour nous douloureuse et incompréhensible, mais nous n’allons pas refaire les procès. Après avoir exploré, en début de cette année, la possibilité d’un recours auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, nous avons dû prendre acte de son inutilité, puisque ce recours n’aurait pas abouti et que, même en cas d’aboutissement, le jugement de cette juridiction, s’il avait été positif, ce qui n’était pas acquis, n’aurait en rien modifié la relaxe des deux prévenus.

Pour en finir avec la procédure judiciaire, deux remarques :

- la première, sur nos déconvenues, principalement en matière pénale. Les deux relaxes prononcées ne changent en rien la conviction des victimes sur la part de responsabilité de ces personnes. Cette catastrophe montre, comme d’autres de façon constante, qu’elles ont toujours pour origine la défaillance humaine de personnes morales et de personnes physiques. Et au Chantier, il y avait, il y a des personnes physiques qui resteront responsables.
Nous restons par ailleurs convaincus que l’instruction n’a pas su amener à la barre d’autres et peut-être les premiers responsables. C’est à chacun désormais, de continuer à vivre les uns avec leurs convictions, les autres avec leur conscience. Pour autant ce n’est pas, comme on me l’a écrit, ‘’à chacun sa vérité’’. Il n’y a qu’une vérité dans ce drame, et ses responsables le savent. La justice, qui a eu à juger entre ceux qui la voulaient et ceux qui n’en voulaient pas, n’est pas parvenue, avec nos lois, à en tirer toutes les conséquences.

- mais nous pouvons dire que nous nous sommes bien battus, individuellement et aussi grâce à notre association. Le bilan de notre investissement est loin d’être négatif. Et, le plus important, c’est que tous, nous avons fait tout ce qui nous était possible, dans le respect de tous, pour honorer la mémoire de nos défunts. Dans la recherche de la vérité, nous avons apporté toute notre part.

Attardons-nous, quelques instants encore, sur cet appel à entretenir et honorer la mémoire de nos défunts.

C’est d’abord la douleur de leur mort tragique, la cicatrice de leur absence qui nous atteignent. Mais pourquoi ne pas également laisser place à l’appel de la vie et aux moment de bonheur qu’elle apporte toujours, au milieu des autres ?

Le quotidien nous assaille, chaque jour, de ses impératifs, de ses exigences matérielles ou banales, dans notre famille, dans notre entourage, qui nous obligent, d’une manière ou d’une autre, à ‘faire quelque chose’. Il me semble que cette nécessité de continuer chacun nos routes ne porte en aucune manière atteinte à la mémoire de nos disparus. Je crois même que là où ils sont, ils veulent que nous ne restions pas dans l’affliction et le découragement. Ils ne nous veulent pas malheureux. Ils savent bien que leur absence reste pour nous douloureuse. Ils savent bien que nous ne les oublierons pas. Séparés de nous, ils veulent que nous soyons des vivants. Essayons de répondre à cet appel muet mais réel auquel ils nous invitent. C’est pour nous la meilleure manière de leur rester fidèles.

(Photo de la stèle lors de son inauguration le 15 novembre 2009)


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