Crash de la Yemenia : les familles réclament de nouveaux documents

À ce jour, aucune mise en examen n’est intervenue. Pourtant, le rapport d’expertise judiciaire date du 2 décembre 2010, mais ce n’était qu’un rapport d’étape.

Voilà bientôt trois ans que le vol 626 de la compagnie Yemenia qui devait relier, le 30 juin 2009, Sanaa (Yémen) à Moroni (Comores) s’est crashé dans l’océan Indien, faisant 152 morts et un seul survivant. À son bord, beaucoup de Marseillais, qui continuent d’attendre des indemnisations. Des explications aussi.

Ils se heurtent en cela au silence de la compagnie Yemenia, qui n’est toujours pas placée sur "liste noire" en dépit des multiples alertes lancées depuis 2005…. Il y a un an, Me Yann Prévost, l’avocat d’une vingtaine de victimes marseillaises, demandait avec insistance au juge d’instruction Nicolas Aubertin de faire procéder aux auditions des membres du Comité de sécurité aérienne de la Commission européenne pour remédier aux manquements constatés.

Les documents de Safa -Safety Assessment of Foreign Aircraft (Evaluation de la sécurité des aéronefs étrangers)-, que nous avons pu consulter, sont éloquents. Les catégories recensées portent les chiffres1 pour Anomalie mineure, 2 pour Anomalie significative et 3 pour Anomalie majeure. Décembre 2005 : les données de vol et le suivi carburant, les roues, les pneus et freins sont notés en mode "Majeur" sur Yemenia. En juillet 2007, ce sont les sièges passagers et les ceintures, mais aussi l’éclairage et la signalisation des issues de secours. En février 2009, quatre mois avant le crash, les cartes de navigation…

"Nous voulons comprendre pourquoi l’administration européenne a pu être aussi complaisante avec la compagnie Yemenia, martèle Me Prévost. C’est un devoir de vérité pour les familles, même si la Commission européenne jouit de l’immunité".

Ce matin, les avocats des familles plaident devant la chambre civile de la cour d’appel d’Aix. Ils demandent des compléments de provisions sur indemnisations, accusent Yemenia de "résistance abusive" et réclament en référé la communication forcée de pièces portant notamment sur la formation des pilotes, les documents techniques, le respect des limitations d’heures de vol, les licences des pilotes et leur connaissance du terrain. À ce jour, aucune mise en examen n’est intervenue. Pourtant, le rapport d’expertise judiciaire date du 2 décembre 2010, mais ce n’était qu’un rapport d’étape.

Denis TROSSERO, la Provence - 26 juin 2012


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