L’enquête sur le crash vol AF 447 piétine

En sait-on un peu plus sur les causes de l’accident ?

En l’absence des précieuses boîtes noires, toujours pas retrouvées, les enquêteurs procèdent par élimination. La piste des deux terroristes à bord a été abandonnée, les passagers un temps suspectés n’étant en fait que de simples homonymes. L’examen des débris semble par ailleurs exclure l’hypothèse d’une explosion en vol, mais suggère plutôt une chute soudaine de l’appareil. Les éléments apportés par les corps, qui ne présentent pas de brûlures, semblent accréditer cette thèse.

Qu’est-ce qui peut expliquer ce type de chute brutale ?

A ce sujet, « il y a beaucoup d’éléments, mais peu d’indices », a annoncé un expert aéronautique. Selon lui, plusieurs des 24 messages transmis par l’appareil juste avant sa disparition des écrans de contrôle des radars signalaient un problème de gouvernail, et un autre un dysfonctionnement lié au stabilisateur. Des informations qui ne suffisent cependant pas à expliquer complètement la chute de l’avion, d’autant que le stabilisateur a été retrouvé quasiment intact par les équipes de recherches. L’hypothèse d’une dislocation de l’avion en vol est également évoquée, renforcées par les observations des spécialistes sur les corps, qui précisent que les passagers, comme le personnel de bord, semblent avoir été incapables de réagir lors de l’accident, signe d’un événement violent, comme une dépressurisation.

Et les fameux capteurs de vitesse ?

Elles étaient annoncées comme la clé du mystère, l’enquête du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) ayant établi que les vitesses mesurées par l’A330 accidenté étaient « incohérentes ». Mais plusieurs voix se sont élevées pour pondérer ces accusations. Air France d’abord, par la voix de son directeur général Pierre-Henri Gourgeon qui a indiqué qu’il n’était « pas convaincu que les sondes sont la cause de l’accident » mais a tout de même changé toutes les sondes équipant ses long-courriers A330 et A340. Le BEA a même volé à son secours, annonçant qu’il n’y avait en effet « encore aucun lien établi » entre les sondes et le crash. Dernière intervention en date, celle des dirigeants d’Airbus, qui ont haussé le ton en rappelant que leurs avions sont fiables, et que la décision de certaines compagnies aériennes de changer les sondes Pitot équipant leurs appareils a été « souvent prise sous la pression des pilotes ou de l’opinion publique ».

Sur le terrain, où en sont les recherches ?

Au total, 49 corps ont été récupérés à la date de ce lundi, et les recherches, comme les autopsies, se poursuivent malgré les conditions météo peu favorables. Mais peut-être plus pour longtemps, puisque les militaires brésiliens commencent à en évoquer l’interruption du bout des lèvres. Les débris se font rares, éparpillés par le courant ou ayant coulé, et la date du 19 juin est avancée, depuis que le général de l’armée de l’air Ramon Cardoso a annoncé que le dispositif serait maintenu « au moins » jusqu’à cette date. Le militaire a précisé qu’à partir du 17 juin, une évaluation serait faite tous les deux jours. Les efforts pour retrouver les boîtes noires, en revanche, sont maintenues, et même amplifiés.

Pourquoi concentrer les efforts sur les boîtes noires ?

Elles contiennent des informations cruciales pour l’enquête. Mais elles n’émettent que pendant 30 jours, et le crash a eu lieu dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Il reste donc très peu de temps avant qu’elles ne deviennent muettes et donc indétectables. Les boîtes noires pourraient d’ailleurs déjà être très difficiles à localiser car elles « risquent d’être recouvertes de débris ou de sédiments marins, ce qui affaiblira leur signal acoustique », indique un spécialiste cité par « Ouest France ». En résumé, si tout espoir n’est pas perdu, « il faudra un sacré coup de chance », comme a prévenu Christophe Prazuck, porte-parole de l’état-major français des armées.

Où en sont les proches des passagers ?

La famille de l’une des victimes dénonce un « filtrage » des informations. Afin d’avoir accès au dossier d’instruction de l’information judiciaire en cours, ils ont choisi de se constituer partie civile. Une démarche que n’a pas entreprise l’association créée par le frère d’une autre victime, qui veut pallier au « manque de soutien » d’Air France. Quant aux indemnités, il est « trop tôt pour donner un chiffre réaliste » selon une porte-parole d’Axa Corporate Solutions, qui a indemnisé la compagnie aérienne avec d’autres assureurs à hauteur de 67,4 millions d’euros pour la perte de son A330. En vertu de la convention de Montréal (Canada), l’indemnisation des familles des victimes est à la charge du transporteur, soit Air France, qui a souscrit une assurance pour se couvrir.

Julien Ménielle
20 Minutes.fr

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