Catastrophe de Ghislenghien : un procès « hors normes » débute ce matin à Tournai

Le tribunal correctionnel de Tournai doit déterminer à partir de ce matin les responsabilités dans la catastrophe de Ghislenghien, survenue le 30 juillet 2004. L’explosion d’un gazoduc sur le chantier de construction de l’usine de fabrication d’outils Diamant Boart (devenue Husqvarna) avait fait 24 morts et 132 blessés. Trois Valenciennois y ont laissé la vie. Cinq autres personnes originaires de l’arrondissement ont été grièvement blessées.

Réponses attendues

Ce procès a débuté le 25 mai, avant d’être très vite interrompu, le tribunal accédant aux demandes formulées en ce sens par les avocats de cinq personnes (physiques ou morales) citées directement dans le cadre de ce dossier : la ville d’Ath, un dirigeant d’Husqvarna et trois sociétés.

C’était le 12 mai, treize jours avant le début du procès.

Ce délai avait été jugé trop court pour préparer la défense et potasser les 40 000 pages d’un dossier gigantesque - le plus important qu’ait eu à traiter l’arrondissement judiciaire de Tournai.

« C’est un procès hors normes en raison du nombre de victimes décédées et des douleurs poignantes des blessés et de leurs familles », avait indiqué le président Renaud Moulard, avant de citer les quatorze prévenus renvoyés par la chambre du conseil.

À partir d’aujourd’hui, sur le site de Tournai Expo, transformé en une immense salle d’audience, le tribunal devra déterminer les responsabilités des mis en examen (inculpés, pour le droit belge) et, surtout, éclaircir les nombreuses zones d’ombre de ce drame lié à une série de négligences.

Pourquoi les travaux ont-ils été entrepris alors qu’une canalisation avait été endommagée sur ce chantier cinq semaines plus tôt ? Les secours ont-ils été avertis à temps ? Des questions auxquelles les familles des victimes n’ont pas eu de réponse précise pour l’instant. Elles les attendent rapidement. « C’est important pour elles de connaître les vraies raisons de cette catastrophe », explique Me Pètre-Renaud, avocate de plusieurs familles de victimes françaises. L’un des blessés, Michel Filipo, un ouvrier belge qui a gardé de graves séquelles à la tête, n’en attend pas moins : « En juillet, cela fera cinq ans que le drame a eu lieu, il est temps de déterminer les responsabilités. »

« Reconnaissance »

Cela demandera du temps, inéluctablement. Le 25 mai, le président du tribunal a annoncé que le procès durerait quinze jours, précisant que le report de la première audience n’aurait aucune incidence sur la date d’un jugement attendu au plus tôt en fin d’année. C’est, à tout le moins, ce que pouvaient espérer les victimes ce jour-là. Aujourd’hui, elles attendent autre chose : « J’espère une reconnaissance pour tourner la page même si j’ai été défiguré dans l’accident », expliquait une victime, à la sortie de la première journée. Une reconnaissance et surtout des réponses. •

SAMUEL PETIT
D’après La Voix du Nord


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