AZF : Thierry Desmarest s’explique

À la barre, l’ex- PDG de Total a indiqué qu’il n’était pas chargé de gérer chacune des filiales du groupe.

A 14 heures, sous l’œil des médias de la France entière, Thierry Desmarest est venu à la barre du tribunal. Costume clair, fines lunettes.

« Être prévenu sous condition résolutoire, explique Thierry Desmarest, c’est difficile à comprendre ! » Il reprend l’expression de son avocat, Me Jean Viel, puisque cet état est lié à une citation directe jointe au fond.

« Je ne connais que deux situations. On est soit témoin, soit prévenu, » indique le président.

Ce qui n’a pas été surprenant, c’est le discours de Thierry Desmarest. Il s’est incliné devant les victimes de la catastrophe et a rendu hommage aux salariés et à leur courage lors de la mise en sécurité de l’usine. Et surtout, Thierry Desmarest a donné la vision qui était la sienne au moment de la catastrophe depuis son siège de la tour Total de la Défense.

« Entre février 2000, lorsque l’acquisition a été effective et septembre 2001, explique-t-il, je n’ai pris aucune décision sur Grande Paroisse ou sur AZF . Je savais qu’il y avait une activité d’engrais, mais j’aurais été incapable de situer toutes les usines sur une carte. »

Lorsque le président lui rappelle les charges d’homicides involontaires qui pèsent sur lui : « Je n’étais pas chargé de gérer chacune des filiales », indique-t-il.

Le matin même, le n° 3 actuel du groupe Total, Jean-Jacques Guilbaud, avait précisé que la sécurité était du ressort des entreprises, même si le groupe donnait des impulsions en la matière. « Au moment de la fusion, nous savions que Elf travaillait avec les mêmes standards de sécurité que nous. » Ce qui n’est pas une surprise non plus, c’est lorsque Thierry Desmarest explique que pour lui : « On n’est pas en mesure aujourd’hui de donner une explication plausible à cette catastrophe.

"Je n’étais pas enquêteur en chef"

C’est une frustration pour tout le monde. Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’explication plausible qu’il faut en inventer une qui n’est pas plausible » précise-t-il en faisant allusion à la thèse de l’accusation. « Mais avez-vous pris connaissance des rapports des experts judiciaires ? » lui demande le procureur Patrice Michel.

« Non, je me fonde sur ce qui m’a été dit par les responsables de Grande Paroisse. Je n’étais pas l’enquêteur en chef. »

« Malgré votre implication personnelle ? » insiste Me Thierry Carrère.

« Oui, cela peut vous étonner mais c’est comme ça ! »

Les surprises ? C’est Me Christophe Léguevaques qui joue avec des poupées russes pour symboliser la pyramide Total. C’est Me Simon Cohen qui explique que lui, plaidera certes contre Total, mais pas contre Thierry Desmarest (voir ci-contre). C’est Me Alain Lévy qui lui emboîte le pas et met en boite Me Léguevaques. C’est Me Jean Veil, l’avocat de Total qui avertit qu’un désistement risque de faire des dégâts. Confusion dans les rangs des parties civiles. Sourire en coin de la défense. Le président suspend l’audience en tâchant de garder son sérieux…

Manif anti-Total

À l’appel de plusieurs associations de victimes, une centaine de personnes a manifesté hier à midi, à Toulouse, au Rond-Point du 21-Septembre, à l’occasion de la venue à Toulouse de l’ex-PDG de Total Thierry Desmarest. La députée Martine Martinel, le conseiller général Jean-Louis Llorca et l’élue verte Danièle Charles s’étaient joints aux manifestants. Pour les « Sinistrés du 21 septembre » Jean-François Grelier a notamment dénoncé « le lien évident entre la politique du groupe industriel et l’erreur de manipulation. »

Contre Total, pas contre Desmarest

Simon Cohen a créé une vraie surprise en expliquant hier qu’il ne soutiendrait pas la citation directe contre Thierry Desmarest. Et qu’il allait se concentrer sur Total, personne morale : « A aucun moment, en quatre mois de débats, on a pu déceler un élément qui puisse permettre de mettre en cause la responsabilité personnelle de Thierry Desmarest » explique l’avocat. Dans le cas de la citation directe, et pour une personne physique, cette responsabilité doit être dûment établie. « Il faudrait par exemple démontrer qu’on lui avait demandé de prendre des mesures de sécurité et qu’il ne les ait pas prises ». Les exigences sont bien moins grandes pour une personne morale, Total en l’occurrence, et Simon Cohen à bien l’intention « d’accrocher » le groupe. Certaines parties civiles (Mes Casero, Bisseuil, Lévy...) se sont alignées sur cette position. D’autres non, comme par exemple Me Jean-Paul Teyssonnière pour la CGT-Chimie.

La Dépêche.fr


Crédit photos : Plus d’infos ... Suivre le procès sur le blog de la Dépêche du Midi Les 1O points clés de l’affaire AZF par Me Bisseuil Association des familles endeuillées AZF Toulouse

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