Serge Biechlin au procès AZF : "Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé"

Pour la troisième fois, le directeur de l’usine AZF, a renouvelé, lors de sa première audition au procès ce jeudi à Paris, son "incompréhension" sur l’origine de l’explosion.

"Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé, mais la piste chimique est strictement impossible, je dirai même fantaisiste" a réitéré Serge Biechlin, ancien directeur de l’usine AZF de Toulouse, ce jeudi au troisième procès qui se tient devant la Cour d’appel de Paris, plus de 15 ans après les faits.

Commençant par évoquer "(sa) sympathie, (son) émotion, (sa) compassion envers toutes les victimes" il s’est dit "toujours effondré de voir combien de personnes souffrent encore dans leur chair ou parce qu’elles ont subi un deuil" , des années après l’explosion.

Comme à Toulouse, en 2009 et 2012, lors des procès en première instance et en appel, l’homme a le visage sec, fermé. Il a simplement vieilli (Serge Biechlin a aujourd’hui 72 ans). Sa voix est posée, calme, lorsqu’il s’exprime au micro, face à la présidente de la Cour d’appel. Il fond en larmes en évoquant son absence de Toulouse le jour de l’explosion. "Je regretterai toujours", lâche-t-il.

Une nouvelle fois, Serge Biechlin, dans sa première déclaration devant les juges, a évoqué en filigrane la piste terroriste. "Le 11 septembre 2001, lors des attentats de New-York, j’étais en vacances, explique-t-il. Je me suis dit qu’une usine comme la mienne avec 40 000 tonnes de produits dangereux pouvait être une cible. Je suis revenu sur mes congés le 18 septembre. J’ai alors appris que l’usine voisine de la SNPE était en vigipirate renforcé depuis le 1er septembre. A l’usine AZF, tout allait bien. Je me suis dit que je devais être paranoïaque. J’ai tout de même donné des consignes pour renforcer la sécurité de l’usine. Et puis je suis reparti en vacances le jeudi soir, la veille de l’explosion".

Auparavant, il avait décrit une usine moderne et bien équipée, qu’il dirigeait depuis le début 1998, avec du personnel "bien formé, réactif et compétent".

Usine modèle, terrorisme... Un argumentaire, finalement assez classique (et repris avec ses mots par Daniel Grasset, représentant moral de la société Grande Paroisse, elle aussi prévenue) qui tend à démonter la piste chimique.

"Nous avons 14 raisons successives qui interdisent chimiquement l’explosion, explique Serge Biechlin. La piste chimique est strictement impossible. Je ne sais pas ce qui s’est passé. La plus grande catastrophe industrielle européenne après Tchernobyl est toujours sans explication alors que toutes les autres en ont une".

L’enquête avait retenu la piste chimique accidentelle après le dépôt, 15 minutes avant l’explosion, d’une benne de 500 kilos de dérivés chlorés dans le hangar 221 qui abritait plusieurs centaines de tonnes de nitrate d’ammonium déclassé destiné à la production d’engrais. Deux produits incompatibles.

Une thèse rejetée par la défense de Serge Biechlin et de Grande Paroisse. Comme aux deux premiers procès, la Cour d’appel de Paris, examinera toutes les hypothèses : arc électrique, intervention extérieure, explosion souterraine ou dans une usine voisine.

Mais la piste chimique reste celle que la justice a toujours privilégié. "Je ne me fais pas beaucoup d’illusion" a conclu Serge Biechlin.

Source : France Info
Auteur : Fabrice Valéry
Date : 26 janvier 2017

Crédit photos : Source : France Info Auteur : Fabrice Valéry Date : 26 janvier 2017

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