Procès Concorde : le ton monte en appel

Les insultes ont fusé hier au procès en appel du crash du Concorde, entre un expert judiciaire qui est un ancien pilote d’Air France, partie civile, et la défense du principal prévenu, Continental Airlines. Jacques Chauvin, 68 ans, a passé toute sa carrière de pilote chez Air France. Il a été commandant de bord sur Concorde, avant de quitter la compagnie française pour raisons médicales fin 2000. Quelques mois avant son départ, il avait été désigné comme l’un des trois principaux experts par le juge d’instruction enquêtant sur le crash du Concorde d’Air France, qui avait fait 113 morts le 25 juillet 2000 à Gonesse (Val d’Oise).

Me Olivier Metzner, avocat de la compagnie américaine Continental Airlines accusée d’avoir déclenché la catastrophe, avait dénoncé cette situation « impensable aux États-Unis » dès le premier jour du procès, le 8 mars. Il avait demandé à la cour d’appel de Versailles d’annuler le rapport de M. Chauvin, et dénoncé devant la presse des experts « à la solde d’Air France ».
Pour la première fois appelé à la barre une semaine plus tard, M. Chauvin a tenu à mettre les choses au point. « Je méprise profondément M. Metzner », a-t-il dit à la cour, regrettant les « insultes et injures » qui lui auraient été adressées par l’avocat. Il a expliqué que lors d’une visite médicale en mars 2000, il avait signalé un problème d’oreille interne. « J’ai dit au médecin : je ne veux pas être le premier pilote à crasher un Concorde. »
Après un diagnostic, il a été interdit de vol en avril, puis licencié pour raisons médicales à l’automne 2000. « Si M. Metzner l’avait lu, il aurait constaté que notre rapport n’est pas à l’honneur d’Air France », a lancé M. Chauvin, assurant qu’« il n’a pas fait de cadeaux » à la compagnie, vis-à-vis de laquelle il est « capable d’indépendance ».

Interrogé sur la préparation du vol, l’expert a rappelé que le 25 juillet 2000, le Concorde, affrété par un voyagiste allemand pour emmener 100 passagers à New York avait été jugé techniquement prêt par les services de maintenance d’Air France, en dépit d’une panne d’un petit moteur électrique entraînant les « paupières » placées dans le canal d’éjection des gaz d’échappement. Averti de cette panne, le commandant de bord, Christian Marty, avait exigé le changement du moteur. L’avion avait finalement décollé à 16 h 42 au lieu de 15 h 25.

L’est éclair - 16 mars 2012


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