Procès collision Zoufftgen : Un juge malade et le procès tourne court

2ème JOUR DE PROCÈS. A 15 h hier, la présidente de la 16e chambre correctionnelle de Luxembourg, Anne-Laure Meyer, prend rapidement la parole : « En raison de l’indisponibilité d’un des juges, malade, l’audience reprendra demain à 9 h, j’espère. » Stupéfaction dans les rangs des parties civiles, certains avocats font grise mine. Depuis quelques minutes, l’information qui a filtré dans les rangs des journalistes présents, a ôté tout suspense à l’affaire du jour. A peine la présidente du tribunal a-t-elle fait son annonce que les interrogations pleuvent sur le chargé de communication de la justice luxembourgeoise, Jean-Paul Frising.

Le procureur d’Etat adjoint est vite submergé par des parties civiles parfois ulcérées. « C’est le folklore le plus total. Déjà qu’hier on n’entendait rien dans le public, avec des gens qui parlaient pas dans les micros, avec le spécialiste qui se contredisait », s’emporte le frère du conducteur du train de fret français. « Pourquoi on n’a pas été prévenus ? Vous vous rendez compte des chocs psychologiques, pour mon père, ma mère, ma belle-sour ? Si elle (la juge souffrante) ne se pointe pas demain, vous allez m’entendre ! »

Erreurs cumulées. Qu’est-il arrivé à la juge Patricia Loesch, l’un des deux assesseurs de la présidente ? « Mais vous ne pensez quand même pas que j’ai le certificat médical ! », réplique Jean-Paul Frising, pour qui, la situation n’est ni grave ni désespérée malgré les apparences. « Elle reprendra sa place mercredi, sinon elle sera remplacée. Mais il faudra recommencer depuis le début, voilà tout. C’est vrai que l’emploi du temps prévisionnel sera bouleversé mais bon. », répond placidement le procureur d’Etat adjoint. Si cette occurrence se vérifie, l’expert ferroviaire, pièce maîtresse du dossier d’accusation, aura droit à une deuxième chance. Ou vivra un second calvaire. Il se murmurait hier dans les couloirs du palais que ce décalage du procès pouvait être incompatible avec son « emploi du temps ». « Non, non, cette question a finalement été réglée. Il a repoussé ses autres obligations. Il sera là », promet Jean-Paul Frising.

Serment. André Kleniewski, le spécialiste français, expert près la Cour de cassation, est depuis l’ouverture des débats dans le collimateur des juges pour ses imprécisions. Il s’est même contredit sur la possibilité d’empêcher la collision des deux trains si l’alerte générale RST et une coupure de courant avaient été activées par les agents ! L’homme à l’imposante valise chargeé de tomes d’enquête technique est aussi critiqué par les avocats de la défense, qui tentent de décrédibiliser son travail pour épargner les quatre cheminots prévenus. D’autres indices, pourtant, montrent qu’un seul homme ne peut assumer la mauvaise pente prise par ce procès qui est celui d’un drame du rail ayant fait six morts et vingt-trois blessés, le 11 octobre 2006.

Dès le premier jour, il aura fallu une heure à la présidente pour s’apercevoir que les quatre témoins devant être appelés ces prochains jours à la barre, assistaient aux débats depuis la salle, ce qui est contraire aux règles de procédures. Enfin, Me Jacques Wolter, avocat de Gilbert Fux, l’aiguilleur, considère qu’une autre erreur basique a été commise lundi en ne faisant pas prêter serment à l’expert, contre les prescriptions du code de procédure criminelle luxembourgeois.

Le Républicain lorrain, Alain MORVAN, 03/12/2008


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