« J’avais l’impression d’un bombardement à Brétigny » : interrogé jeudi par le tribunal sur les premières constatations après le déraillement, un ancien responsable local de la SNCF s’est souvenu d’une scène « impressionnante », semblable à un « bombardement ».
Le vendredi 12 juillet 2013, le désassemblage et le retournement d’une éclisse en acier - sorte de grosse agrafe qui joint deux rails entre eux - faisaient dérailler un train Intercités, qui circulait à 137km/h pour une vitesse autorisée de 150km/h. Sept personnes étaient tuées et 400 autres blessées.
Scène « impressionnante »
Dès le vendredi soir, ce responsable « pôle expertises voies » a procédé aux premières constatations et a rédigé un premier rapport avec trois autres collègues, ensuite transmis à leurs supérieurs. Arrivé à 20H15 sur les lieux, il découvre une scène « impressionnante » : « J’avais l’impression d’un bombardement à Brétigny », a-t-il indiqué devant le tribunal qui s’est intéressé jeudi après-midi aux premières constatations de la scène du drame.
« Une scène impressionnante, tout a été arraché », a-t-il ajouté. Dès ce soir-là, il évoque le scénario probable du coincement de l’éclisse : « le déraillement a été causé de façon quasi certaine par la montée des essieux qui ont buté sur une éclisse coincée dans le cœur de voie », selon ce rapport visualisé à l’audience.
Rupture de boulons
Selon ses premières observations, la locomotive et les trois premières voitures du train n’ont pas déraillé « car l’éclisse s’est déplacée après » leur passage. « Je n’ai jamais vu de retournement d’éclisse en 38 ans de carrière », a précisé jeudi cet ancien responsable local, « expert voies » à l’époque.
Pour les experts mandatés par la justice, le train a déraillé à cause d’un désassemblage de l’éclisse, lié à une rupture de boulons « par fatigue ». Sur les quatre boulons de l’éclisse, cet homme affirme avoir vu le 13 juillet au soir « le troisième boulon manquant, avec un trou oxydé ». « Les premier et deuxième boulons ont été retrouvés sans trace apparente de chocs près du joint », affirme-t-il dans ce rapport.
Date : 28 avril 2022
Auteurs : Le Figaro avec AFP
Source : lefigaro.fr