Paris : le Palais des Sports tourne la page judiciaire du drame des Amants de la Bastille

Chaque soir depuis un mois, des milliers de spectateurs se pressent devant le « Dôme », la salle de spectacle du Palais des Sports de la porte de Versailles (XVe), pour quelques heures de féerie : la version cuir et breakdance du grand roman classique d’Alexandre Dumas, « Les Trois Mousquetaires » audacieusement ultra-revisités.

Combien d’entre eux se souviennent encore qu’il y a 3 ans presque jour pour jour, à peine deux heures avant le lever de rideau, une explosion meurtrière allait ranger un autre grand spectacle dans les dossiers des faits divers ? Ce soir du 8 novembre 2013, « Les Amants de la Bastille  » sont restés muets. Maudits et meurtris, plongés dans l’incompréhension d’un drame que la justice s’apprête aujourd’hui à solder. Ce mercredi se tient la dernière audience, au procès de l’explosion accidentelle dans laquelle avait péri le directeur technique de la comédie musicale « 1789, les amants de la Bastille ». L’explosion était survenue dans un local du sous-sol où étaient notamment entreposés des accessoires et des produits pyrotechniques, rangés dans une simple cantine de fer qu’un ouvrier avait utilisé comme plan de travail, y découpant des barres de renfort métalliques à la disqueuse.

Une étincelle, une première explosion, bientôt une autre, quelques secondes avaient suffi à souffler l’intérieur de ce local de sous-sol, et 5 personnes avaient été grièvement blessées, une dizaine d’autres plus légèrement. Marcus Tolédano, 41 ans, tentait justement de secourir un ouvrier blessé lorsqu’il a pris de plein fouet la seconde explosion. Il n’a pas survécu. Devant le Palais des sports où chaque jour, des anonymes venaient déposer des fleurs en sa mémoire, les guérites de contrôle étaient restées fermées durant un mois, avant que le temps fasse son œuvre, émoussant les souvenirs, rendant la scène à la comédie musicale.

Trois ans plus tard, les dirigeants de la société d’exploitation de la salle parisienne et de la société de production du spectacle, (NDLR : celles-ci également poursuivies en tant que personnes morales), comparaissent depuis la semaine dernière pour homicide et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, dans le cadre du travail. Des défaillances touchant, selon la longue instruction, aussi bien les règles de sécurité que les conditions de stockages de produits réputés dangereux, la formation des personnels que les mesures d’inspection des locaux.

Le jugement sera mis en délibéré à plusieurs semaines, les prévenus encourent jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et jusqu’à 75 000 € d’amende.

Source : leparisien.fr
Auteur : Elodie SOULIE
Date : 01/11/2016

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