Paris : critiquée, l’association Génération Bataclan renonce à son mémorial

Créée au lendemain du 13 novembre 2015 pour ériger un monument en hommage aux victimes des attentats, l’association, très critiquée par les associations de victimes, a décidé de jeter l’éponge.

« Une œuvre mémorielle citoyenne » érigée boulevard Voltaire, dans le XIe arrondissement de Paris, sur le terre-plein central faisant face au Bataclan, « pour les victimes des attentats du 13 novembre 2015 ». C’était le grand projet de Génération Bataclan, une association de « citoyens » créée deux jours après la tragique soirée. Après un appel à idées auquel ont répondu 56 artistes et architectes, un vote de 5 000 internautes et une vente aux enchères à Drouot en novembre dernier, Génération Bataclan vient finalement de jeter l’éponge en se sabordant, faute du soutien des associations de victimes et de la Ville de Paris.

Dans une lettre en date du 17 janvier, son président Olivier Legrand a annoncé la clôture de son association, qui revendique sur son site Internet 280 membres/donateurs (dont des familles de victimes). « Notre action a, depuis le début, créé auprès des associations de victimes au mieux de la méfiance au pire du mépris », déplore le producteur d’événements et de films, défendant pourtant un projet « simplement humain, solidaire, consensuel et bienveillant ». Et Olivier Legrand de conclure que les fonds récoltés par son association seront reversés au projet qui sera finalement retenu.

« Mettre en vente aux enchères des œuvres représentant des kalachnikovs »

Cette dissolution de Génération Bataclan avait été dûment réclamée par les responsables des associations de victimes Life for Paris et 13onze15 Fraternité et Vérité et des associations d’aide aux victimes Fenvac et AFVT dans un courrier commun du 14 décembre dernier rendu public la semaine dernière. Une lettre au vitriol où les quatre structures condamnaient « les choix » de l’association : « choix de s’approprier par un dépôt inacceptable la marque Génération Bataclan dès le 15 novembre », « choix de persévérer dans une démarche maintes fois dénoncée avec la volonté de nuire à la conduite du projet », choix jugé cynique et macabre « de mettre en vente aux enchères des œuvres représentant des kalachnikovs »…

Et les quatre associations d’insister sur le fait que la réalisation du monument ne se fera « qu’à l’issue d’une réflexion commune et nourrie, en concertation entre les associations de victimes et la Ville de Paris qui a, dès le lendemain de ce dramatique événement, fait savoir qu’elle entendait en assurer le financement ». A l’Hôtel de Ville, on confirme qu’un groupe de travail sera mis sur pied à partir de la mi-février. Il « se réunira chaque mois et pourra associer des personnalités extérieures le moment venu pour enrichir la réflexion ». Objectif : préciser les contours et la localisation du monument et « parvenir au consensus le plus large ».

Date : 23/01/18
Auteur : Julien Duffé
Source : Le Parisien

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