Mort d’Al-Baghdadi : « Les victimes du 13 Novembre ne sont pas dans une logique de vengeance »

Rescapé de l’attentat du Bataclan en 2015, Arthur Dénouveaux réagit après l’annonce, par Donald Trump, de la mort d’Al-Baghdadi, chef de l’Etat islamique.

Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life For Paris, qui fédère les victimes des attentats du 13 novembre 2015, réagit après l’annonce du décès d’Abou Bakr al-Baghdadi.

Comment accueillez-vous l’officialisation de la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi ?
ARTHUR DÉNOUVEAUX. Nous, les victimes, n’étions pas dans une logique de vengeance contre la personne d’Abou Bakr al-Baghdadi mais dans une volonté de justice. Et la recherche de justice est très différente de l’envoi d’un raid aérien des forces spéciales américaines. Cela dit, la mort du chef de Daech est symboliquement un sacré coup porté aux capacités opérationnelles du groupe terroriste et participe à sa défaite militaire, sans doute annoncée trop tôt. Il est rassurant de voir que le groupe continue à perdre des chefs et des territoires. C’est fondamental de poursuivre le combat pour la sécurité de la région mais aussi des pays européens.

La justice française avait lancé un mandat d’arrêt le 8 octobre contre le chef de Daech mais dans une procédure distincte du dossier du 13 Novembre. Qu’en pensez-vous ?
À Life For Paris, nous étions plutôt contre l’idée d’inclure Baghdadi dans la procédure des attentats, car il ne faut pas confondre le procès du 13 Novembre avec le procès des atrocités de Daech. Lequel devrait plutôt avoir pour cadre une cour pénale internationale qui n’existe pas aujourd’hui. Nombre de victimes sont irakiennes ou syriennes. Après en avoir parlé avec le juge, il ne nous a pas semblé que Baghdadi était un donneur d’ordre direct dans l’organisation des tueries à Paris. En revanche, d’autres djihadistes, responsables des opérations extérieures ou disposant de renseignements potentiels, semblaient plus intéressants à capturer et à interroger mais la plupart ont déjà été tués lors des raids, comme les frères Clain par exemple.

Pensez-vous que la mort de Baghdadi puisse changer la nature de la menace terroriste en France ?
L’exemple de Ben Laden avec Al-Qaida doit inciter à la plus grande prudence. Mais il est clair que Baghdadi avait un rôle très symbolique au sein de Daech, c’est lui qui galvanisait les troupes, séduisait les aspirants djihadistes… Il concentrait un pouvoir de fascination et de recrutement. D’autant qu’il n’a pas de numéro 2 bien identifié, au moins pour les radicalisés occidentaux. À mon sens, il est encore trop tôt pour savoir quel impact sa mort va avoir sur la menace endogène.

Publié par Jérémie Pham-Lê, pour Le Parisien, le 29 octobre 2019.

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes