Montbéliard : relaxé après un crash mortel d’ULM

Poursuivi pour homicide involontaire, un instructeur ULM a été relaxé. Le délibéré, relatif à un crash, est tombé aujourd’hui. « Le tribunal a considéré qu’il n’y avait eu aucune faute de votre part », commentait le président Alain Troilo. L’instructeur, François Mangeol, encore très marqué par l’accident, a été néanmoins condamné à une amende de 150 € pour « conduite d’un aéronef dépourvu de marque d’identification ».

Tel est l’épilogue du drame, survenu le 13 juillet 2009, qui a coûté la vie à un homme de 39 ans, Stéphane Chrastek. Ce jour-là, l’instructeur et son élève avaient décollé de l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard, à 10 h 56. Dix secondes plus tard, l’avion « plongeait » dans le Doubs, dont le niveau d’eau voisinait les 50 cm. Par miracle, le pilote s’en sortait légèrement blessé. En revanche, Stéphane Chrastek était mort sur le coup.

Lors de l’audience, le 1er juillet dernier, le moniteur expliquait que son élève tenait la barre de commande de l’appareil et qu’il se trouvait dans une telle situation, à la limite du décrochage, qu’il avait tout tenté « pour reprendre la main », allant jusqu’à donner des coups de poing sur la main de l’élève. « Mais il était tétanisé sur la barre, je ne pouvais rien faire » , ajoutait l’instructeur, ayant 20 ans de pratique d’ULM. Rejoignant le point de vue de la partie civile, le parquet avait requis 6 mois de prison avec sursis, pointant du doigt des « négligences », se basant sur les conclusions du Bureau d’enquêtes et d’analyses (le BEA) et de la gendarmerie des transports aériens. Tous deux avaient relevé des « anomalies », notamment en raison de « modifications sur la structure de l’ULM ».

Il est 10 h 56, le 13 juillet 2009...

Il est 10 h 56, le 13 juillet 2009, lorsque Francis Mangeol, instructeur ULM, et son élève, Stéphane Chrastek décollent de l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard. Dix secondes plus tard, c’est le drame.

L’engin part sur la gauche avant de plonger d’une vingtaine de mètres pour s’abîmer dans le Doubs dont le niveau d’eau ne dépasse pas les 50 cm. Francis Mangeol s’en sort miraculeusement. Stéphane Chrastek, 39 ans, décède sur le coup.

Le 1 er juillet dernier, le tribunal de Montbéliard se penchait sur ce dossier afin d’établir s’il y avait, ou non, une erreur de la part de l’instructeur. Pour forger sa conviction et justifier des poursuites engagées, la procureur Brunisso se base sur le rapport de la gendarmerie des transports aériens et les conclusions du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA). Dans les deux cas, des anomalies ont été relevées. Notamment relatives à des modifications sur la structure de l’ULM ou encore des fissurations qui pourraient relever d’un entretien discutable de la machine.

Au passage, la procureur se dit effarée par la quasi-absence de réglementation pour cette pratique assimilée, comme en ont convenu plusieurs intervenants du dossier, à « l’avion du pauvre ».Six mois avec sursisFrancis Mangeol, qui pratique l’ULM depuis vingt ans, se dit « navré mais vraiment, je ne pouvais rien faire. Il m’était impossible de rétablir la situation ». L’instructeur explique que son élève tenait la barre de commande de l’appareil et qu’il se trouvait dans une telle configuration, à la limite du décrochage, qu’il a tout tenté pour « reprendre la main », allant jusqu’à donner des coups de poing sur les bras de l’élève. « Mais il était tétanisé sur la barre. Je ne pouvais l’atteindre… »

Me Julia Bouvresse, l’avocate de la partie civile, surfe sur cet élément, estimant que l’alourdissement de cette fameuse barre, par l’instructeur, pouvait contribuer à rendre l’ULM incontrôlable. Elle énumère un certain nombre de négligences. Me Pierre-Yves Duffet, l’avocat de la défense, a tenté de démonter, de manière scientifique, les diverses conclusions du BEA. A ses yeux, les modifications opérées par son client « n’ont eu aucune incidence sur l’accident. Il a juste voulu assurer un peu plus de sécurité à son engin. Seulement voilà, dans notre société, chaque fois qu’une personne meurt, on cherche un responsable ». Il a rappelé que son client n’était ni farfelu ni suicidaire et qu’il n’aurait pas pris le risque d’embarquer à bord d’un aéronef en mauvais état. Pour lui, aucun élément objectif ne peut être directement imputable à Francis Mangeol. D’où sa demande de relaxe. La procureur a requis six mois de prison avec sursis.

A.L. / L’Est Républicain / 29 juillet 2010


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