Meurtre d’Aurélie Châtelain en 2015 : le procès attendu pour 2020-2021

Le 19 avril 2015, Sid Ahmed Ghlam renonçait à son projet d’attentat à l’encontre d’églises de Villejuif après une blessure par balle dans une jambe. Il est soupçonné d’avoir tué ce jour-là, avec la même arme, la Caudrésienne Aurélie Châtelain, découverte décédée dans sa voiture, sur un parking de la commune. Le procès est attendu pour 2020-2021.

La fin de l’instruction sur l’attentat avorté de Villejuif et le meurtre de la Caudrésienne Aurélie Châtelain a été signifiée aux parties le 26 juillet. Maisles circonstances de la mort de l’ancienne conseillère municipale, âgée de 32 ans, ne sont pas formellement établies. « Aurélie, on la retrouve sur le siège passager avant avec l’ordinateur à ses pieds, qu’est-ce qu’il s’est passé ?, interroge Me Casubolo-Ferro, avocat de la famille. Il faudrait qu’il nous le dise, son rôle à elle. Sid Ahmed Ghlam veut s’innocenter, car c’est ce qui lui coûtera le plus cher. »

Le dimanche 19 avril 2015, la trentenaire avait quitté son hôtel pour se rendre à son stage de pilates qui devait débuter à 10 heures. Elle est retrouvée dans sa voiture sur un parking voisin à Villejuif, tuée d’une balle sous son bras droit. L’arme est celle ayant blessé Sid Ahmed Ghlam à la jambe. Ce matin-là, cet étudiant en informatique de 24 ans s’était rendu sur ce même parking, projetant un attentat à l’encontre d’églises de Villejuif. Peu après, il appelle le SAMU pour une blessure, près de son foyer étudiant dans le XIIIe arrondissement à Paris. Les policiers y découvrent un arsenal, ainsi que dans sa voiture.

« Sa version n’a jamais changé », assure Me Jean-Hubert Portejoie, avocat de la défense : Sid Ahmed Ghlam a toujours accusé un homme, dont il ignorait l’identité, d’avoir tué Aurélie Châtelain. Il aurait identifié Samy Amimour (1) lorsque sa photo était diffusée. Selon le mis en cause, Samy Amimour était dans la voiture de la jeune femme, qu’il aurait volée, lorsqu’il l’a rejoint sur le parking. Puis il aurait tué la Caudrésienne et serait parti. L’étudiant aurait alors renoncé à son projet, se tirant dans la jambe « délibérément ».

Mais l’expertise balistique, qualifiée « d’ambiguë » par la défense, avance qu’il se serait blessé en remettant l’arme à sa ceinture. « C’est assez banal d’avoir un homme mystérieux, on l’appelle la théorie de l’homme en noir. Mais aucun élément ne permet d’établir la présence de quelqu’un d’autre que Sid Ahmed Ghlam », réagit Me Chemla, avocat représentant la FENVAC (2) . ADN de Sid Ahmed Ghlam, douille et sang mêlé avec celui d’Aurélie Châtelain sur le levier de vitesse ont été retrouvés dans la voiture de la Caudrésienne. Pour Me Casubolo-Ferro, Aurélie Châtelain a empêché l’attentat : « Il a trouvé ce parking calme de Villejuif ce dimanche matin, et il y avait une jeune femme dans la voiture. Qui a vu l’autre en premier, qu’est-ce qui s’est passé ? L’un est mort, l’autre a été blessé et il n’y a pas eu d’attentat. » Le procès est attendu pour fin 2020-2021.

« On a assez d’informations pour traduire Sid Ahmed Ghlam devant la cour d’assises »

À compter de la notification de la fin d’instruction, les parties ont un mois pour solliciter des actes supplémentaires. À quelques jours de l’issue, Me Jean-Hubert Portejoie, défenseur de Sid Ahmed Ghlam, n’excluait pas de le faire si son client le souhaitait. Il était conscient que la démarche pouvait sembler « dilatoire » et susceptible « d’être mal interprétée » après quatre ans d’instruction. Mais Sid Ahmed Ghlam n’aurait pas fait de démarches en ce sens.

Pour Me Casubolo-Ferro, l’enquête est complète : « On est allé au bout de toutes les pistes possibles, on a assez d’informations pour traduire Sid Ahmed Ghlam devant la cour d’assises. » Le juge Tessier l’aura dirigée pendant près de trois ans, et attendait des retours d’analyse lorsqu’il a laissé sa place à un autre fin 2018. Quand ces résultats ont été connus, le nouveau juge en a demandé de nouvelles pour les approfondir. « On attendait aussi des commissions rogatoires à l’étranger dont on n’a pas la maîtrise, et ça a clôturé l’instruction », explique Me Casubolo-Ferro.

Le procès est fortement pressenti aux assises, et nécessiterait une grande salle. Outre Sid Ahmed Ghlam, sept personnes sont mises en examen dans ce dossier. Elles sont poursuivies pour lui avoir fourni un véhicule, un gilet pare-balles et l’armement.

Sid Ahmed Ghlam est incarcéré à Vendin-le-Vieil, l’une des prisons les plus sécurisées de France, où sont accueillis des détenus particulièrement dangereux. « Il est combatif au téléphone, il maintient sa version des faits », indique son avocat Me Jean-Hubert Portejoie. L’homme, de nationalité algérienne, a passé quatre ans à l’isolement et a fait l’objet de signalements au cours de sa détention. En avril 2016, une puce téléphonique avait été découverte dans sa cellule à Fresnes. Il aurait échangé des « milliers de conversations », jusqu’aux attentats du 13 novembre 2015, selon le Figaro. La puce contenait aussi des documents retraçant des organigrammes et le profil d’individus partis en Syrie, et des noms impliqués dans les attentats du 13 novembre.

En 2015, cet étudiant en informatique de 24 ans a reconnu avoir projeté un attentat contre une ou des églises à Villejuif. Connu des services de renseignement depuis 2014 pour s’être radicalisé, il était « fiché S » et en lien avec Daesh. Il s’était déplacé « au moins une ou deux fois » en Turquie ; le dernier voyage remontait à quelques semaines avant le décès d’Aurélie Châtelain. C’est aussi depuis ce pays, et la Syrie, qu’il avait reçu des instructions. Selon son avocat, le 19 avril 2015, il aurait reçu un message lui indiquant la venue « de frères » pour l’accompagner dans son passage à l’acte. Quelques jours avant son arrestation, il s’était procuré des armes dans une voiture stationnée à Aulnay-sous-Bois.

Source : La Voix du Nord
Publié le 28/08/2019

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes