Le procès d’une explosion de gaz à Empalot

Scènes de chaos, à Toulouse, dans le quartier d’Empalot où le 29 novembre 2002, à 11 heures, une double explosion de gaz détruit deux habitations. Bilan : 34 blessés et une habitante de 83 ans qui meurt un mois plus tard à l’hôpital.

VIDÉO — Le procès de la double explosion de gaz survenu à Toulouse en novembre 2002 s’ouvre aujourd’hui devant le tribunal correctionnel. L’accident avait fait un mort et 34 blessés. L’entreprise GDF-Suez est poursuivie pour homicide et blessures involontaires.
Deux explosions de gaz à vingt minutes d’intervalle, 34 blessés, une personne tuée et tout un quartier évacué. C’était le 29 novembre 2002, à Toulouse, dans une rue pavillonnaire du secteur d’Empalot.
Un an à peine après la terrible explosion de l’usine AZF qui avait fait 31 morts, des victimes dont les maisons ont été soufflées en 2002 pensent revivre le même cauchemar. Aujourd’hui et huit ans après les faits, s’ouvre devant le tribunal correctionnel de Toulouse le procès de cette double explosion de gaz pour laquelle le groupe GDF-Suez est poursuivi, en tant que personne morale, pour homicide et blessures involontaires. Un procès prévu pour durer quatre jours et à l’issue duquel, GDF-Suez encourt une peine d’amende de 250 000€.
L’entreprise a toujours admis sa responsabilité dans cet accident. Mais au-delà de la sanction infligée, « il faut qu’à titre de peine complémentaire GDF-Suez soit placé sous contrôle judiciaire et que l’entreprise puisse rendre des comptes sur l’état de ses conduites en fonte grise », déclare pour les parties civiles, Me Agnès Casero.
Le 29 novembre 2002, à 11 heures, une conduite de gaz souterraine en fonte grise se casse dans le quartier d’Empalot. Deux maisons de la rue Jean-Lebas sont entièrement soufflées par une double explosion survenue à moins d’une demi-heure d’intervalle. Une habitante de 83 ans, Louise Millan, meurt un mois plus tard des suites de ses blessures. Trente-quatre riverains sont blessés et évacués.
À l’origine de ce scénario catastrophe, l’état d’extrême fragilité des conduites en fonte. L’un d’elles s’était rompue à la suite de travaux sur le réseau des eaux dans la rue le 13 novembre, et des poches de gaz s’étaient formées dans les sous-sols de deux pavillons de la rue. « La fragilité de ces conduites était connue de GDF », poursuit Agnès Casero.
Les syndicalistes de la CGT soutiennent les victimes. Selon Michel Metch responsable national des cadres CGT UGICT-CGT, « la direction s’était engagée à terminer en 2000 la résorption de ses canalisations en fonte pour les remplacer par de l’acier ou du polyéthylène, mais elle a finalement retardé le plan jusqu’à 2005 pour privilégier ses investissements internationaux. »

Les conduites de gaz au cœur du procès

Construites dans les années 50, les conduites de gaz en fonte grise devaient faire l’objet d’un plan de modernisation par GDF. L’entreprise devait supprimer en 2000 les canalisations à risque. Mais des changements d’orientation intervenaient à la fin des années quatre-vingt-dix. D’autres explosions survenues à Dijon en 1999 puis à Mulhouse en 2004 relancent la polémique sur la cartographie de ces conduites en fonte grise.
Le procès s’ouvre cet après-midi par l’audition de nombreux témoins. Les experts sont attendus demain à la barre. Le procès doit s’achever jeudi par les dernières plaidoiries des avocats de la défense. Le procureur Patrice Michel représente le Ministère public comme lors du procès de la catastrophe de l’usine AZF.

Le chiffre 34
blessés > Double explosion. Dans la rue Jean-Lebas, à Empalot, deux maisons ont été soufflées. En plus de ces blessés, une habitante de 83 ans a succombé à ses blessures.

La phrase
« Il faudrait que GDF-Suez soit placé sous contrôle judiciaire et rende des comptes sur l’état de ses canalisations » Me Agnès Casero, avocate des parties civiles.

Le 13 septembre 2010, La Dépèche du Midi

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