Le frère d’une victime : « Nous sommes face à une omerta »

INTERVIEW

Matthieu Heslouin a perdu son frère dans le crash du MS 804.

LE FIGARO . - Quel est l’état d’esprit des familles ?

Matthieu HESLOUIN. - C’est évidemment un anniversaire très douloureux. Nous ressentons une colère froide puisque douze mois après, il n’y a toujours pas de rapport d’enquête préliminaire, comme l’exigent pourtant les conventions internationales. À ce jour, nous n’avons aucun élément factuel sur les causes du crash.

Nous avons le sentiment d’être manipulés par l’État égyptien depuis le début, et, à chaque étape, ce sentiment est confirmé. Pour récupérer les corps par exemple, l’Égypte a exercé un véritable chantage en voulant accréditer la thèse de l’attentat. Mais cette théorie a été totalement décrédibilisée par les gendarmes français qui ont effectué des prélèvements.

Que vont faire les Égyptiens avec cette commémoration ? Vont-ils récupérer la cérémonie pour aller dans le sens de leur thèse, à savoir l’attentat ? Un certain nombre de familles françaises ont refusé de participer à cette cérémonie en Égypte en raison du manque total de confiance.

Comment expliquez-vous les lenteurs des autorités aériennes et politiques à propos de l’Égypte ?

Il est aberrant de ne pas avoir la vérité sur un crash alors que des avions de cette compagnie continuent à voler dans notre espace aérien. Nous sommes face à une omerta, une opacité autour de la vérité. Personne ne tape sur les doigts d’Egyptair, ni sur ceux des autorités aériennes. Dans cette affaire, nous sommes otages d’une relation politique. Les enjeux sont d’État à État, entre la France et l’Égypte. Les engagements financiers, militaires, industriels sont importants. Le seraient-ils plus que la recherche de la vérité ?

Les familles françaises peuvent s’exprimer librement, quid de la parole des égyptiennes ?

L’Égypte n’est pas une démocratie, donc, sur place, les familles ne peuvent pas s’exprimer librement, elles ont peur des représailles. Elles nous demandent donc de parler pour elles.

Qu’attendez-vous du nouveau président de la République ?

Nous voulons lui dire que les instances juridiques, aériennes, ainsi que le BEA ne fonctionnant pas, tout le monde est en attente de l’Égypte. La solution réside nécessairement dans un dialogue, au plus haut sommet de l’État.

Source : Le Figaro
Auteur : Anne Jouan
Date : 16 mai 2017

Crédit photos : Source : Le Figaro Auteur : Anne Jouan Date : 16 mai 2017

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