Le djihadiste Gilles Le Guen placé en garde à vue à Paris

Le djihadiste français Gilles Le Guen, qui se fait appeler Abdel Jelil, arrêté au Mali à la fin d’avril, est arrivé mardi 14 mai vers 8 heures sur un vol régulier en provenance de Bamako à l’aéroport d’Orly. Il y a immédiatement été pris en charge par des agents de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) en vue de lui notifier son placement en garde à vue.
Gilles Le Guen avait été transféré la semaine dernière de Gao, où il avait été amené par l’armée française, à Bamako, où l’armée malienne devait engager une procédure d’expulsion. Sa femme et leurs cinq enfants ont été évacués en France la semaine dernière. "Il va être interrogé. Nous devons savoir quel a été son parcours", a commenté le ministre de l’intérieur Manuel Valls, sur Europe 1.

ARRÊTÉ PAR LES FORCES SPÉCIALES

M. Le Guen, âgé de 58 ans, avait été arrêté dans la nuit du 28 au 29 avril dans une région désertique au nord de Tombouctou par les forces spéciales françaises. Selon le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, "il avait combattu manifestement déjà dans les groupes djihadistes". Le ministre a décrit "une dérive individuelle de fanatisme". "C’est un paumé qui devient terroriste", avait-il expliqué après son arrestation.

Né le 21 février 1955 à Nantes, titulaire d’un brevet de la marine marchande obtenu à la fin des années 1980, l’homme a beaucoup voyagé avant de s’installer au Maroc, en Mauritanie puis au Mali, depuis cinq ans, avec sa deuxième épouse, une Marocaine. Le parquet de Paris avait ouvert, à la mi-février, une enquête préliminaire le concernant, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Il avait été repéré en septembre 2012 dans les rangs d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) sur un cliché récupéré par les services secrets français. Un membre de la sécurité malienne avait alors expliqué qu’il vivait avec sa famille dans le nord du Mali avant l’arrivée des islamistes et qu’il avait "épousé leurs idées", mais que l’engagement réel de cet aventurier était loin d’être avéré.

VIDÉO D’AQMI

Dans une vidéo mise en ligne au début d’octobre 2012 sur le site d’information mauritanien Sahara Media, Gilles Le Guen avait mis en garde "les présidents français, américain" et l’ONU contre une intervention militaire au Mali en préparation visant les groupes islamistes armés qui contrôlaient alors le nord du pays. Vêtu d’une tunique beige, d’un turban noir, portant une moustache et un bouc, Gilles Le Guen était apparu devant un fond noir portant le sigle d’AQMI, un fusil-mitrailleur posé à ses côtés.

En novembre 2012, Gilles Le Guen avait été fait prisonnier durant quelques jours par les responsables d’AQMI à Tombouctou, certains le soupçonnant d’être un espion. Selon d’autres sources, il aurait été arrêté parce qu’il se serait interposé pour empêcher des djihadistes de malmener des femmes.

AFP, 14.05.2013

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