« La faillite totale d’un système de sécurité »

Stéphane Gicquel est secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs. Créée en 1994, la Fenvac rassemble des associations de victimes dont celles des collisions ferroviaires de la gare de Lyon (56 morts en 1988), de Melun (16 morts en 1991), de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001, du crash du vol Rio-Paris le 1er juin 2009 ou du naufrage du « Costa Concordia » le 13 janvier 2012.

Que retenez-vous du rapport du Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) ?
STÉPHANE GICQUEL. Il établit que, plusieurs mois, peut-être plusieurs années avant le déraillement, un morceau de rail était fissuré et que, le 4 juillet 2013, date de l’inspection des voies, il manquait au moins un boulon. Or, je retiens que cette question des boulons était une « non-priorité » pour la SNCF à tous les niveaux. C’est donc beaucoup plus grave que ce qu’on imaginait au départ. Ce n’est pas la négligence d’un agent qui est en cause, mais la faillite totale d’un système de sécurité. On n’est pas devant la responsabilité d’un lampiste ou une erreur conjoncturelle, mais devant un système qui, dans sa globalité, n’a pas répondu à l’impératif de sécurité.

Le BEA-TT refuse pourtant de parler de négligence de la SNCF...
Le BEA-TT demande à la SNCF d’en faire plus mais, pour les familles des victimes, il s’agit de savoir si on en a fait assez. Elles vont garder à l’esprit qu’un simple contre-écrou, c’est-à-dire une pièce valant quelques centimes, aurait suffi à éviter le déraillement de ce train.

A vos yeux, la SNCF est-elle l’unique responsable de cet accident ?
Nous ne sommes pas là pour chercher la faute d’un lampiste, mais pour interroger un système de sécurité. Le BEA-TT parle de problème de culture, il faut aller plus loin. Quant à la vérité et aux responsabilités, je ne les attends pas de la SNCF ou de RFF, mais de la justice.

Reuters, 11.01.2014, M.L. pour le Parisien


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