L’UE place le Hezbollah sur la liste noire du terrorisme

L’Union européenne engage un virage politique au Proche-Orient : à l’unanimité, les Vingt-Sept ont inscrit la branche militaire du Hezbollah sur la « liste noire » européenne des organisations terroristes, une sanction décidée après l’implication du groupe armé dans un attentat meurtrier en Bulgarie et son engagement dans la guerre civile ­syrienne aux côtés de Bachar el-Assad.

La décision, prise lundi à l’unanimité des vingt-sept ministres des Affaires étrangères, est une décision politique. Londres la poussait depuis des mois, en réclamant « un message clair » des Européens lorsque le terrorisme frappe sur leur sol. Le ralliement de Paris et de ­Berlin a accéléré la dynamique. La sanction, pourtant, ne va pas aussi loin que celle déjà appliquée par les États-Unis, Israël et les Pays-Bas à l’ensemble du mouvement chiite allié de l’Iran. L’UE ne pénalise que l’aile armée du Hezbollah, par opposition au mouvement politique qui lui-même joue un rôle prépondérant au Liban.
La mise à l’index n’empêchera pas l’UE de « poursuivre le dialogue avec tous les partis politiques » au Liban, Hezbollah compris, insiste-t-on à Bruxelles. Elle n’entamera pas non plus l’aide humanitaire. Beyrouth regrette cette décision. « Nous aurions souhaité une lecture plus avisée des faits (mais) la société libanaise, dans toutes ses composantes, continuera à entretenir les meilleures relations » avec l’Europe, a assuré le chef du gouvernement sortant Najib Mikati.

Juridiquement, l’inscription sur la liste noire européenne se traduira par un gel des avoirs de la branche militaire, exercice rendu compliqué par une frontière comptable plutôt floue avec le mouvement politique. C’est d’ailleurs cette confusion, délibérément entretenue, qui a conduit Washington à frapper l’ensemble du Hezbollah, plutôt que la seule composante armée. À ce stade, l’UE n’envisage pas non plus une interdiction de visas aux « guerriers » du Parti de Dieu, même si la décision appartient souverainement à chaque capitale.

L’objectif pratique est d’assécher les sources de financement de la branche militaire en Europe et de faciliter la coopération policière.

Le Hezbollah a été fondé à Damas en 1982 à l’instigation de Téhéran, après l’entrée des troupes israéliennes au ­Liban. Parmi les groupes déjà inscrits sur la liste noire de l’UE figurent le PKK ­kurde et le mouvement islamiste Hamas.

L’UE justifie sa décision par la mise en cause de la branche armée dans un attentat à l’aéroport de Bourgas (Bulgarie) qui avait fait sept morts, dont cinq Israéliens, le 18 juillet 2012. Elle s’appuie aussi sur la condamnation, cette année à Chypre, d’un membre présumé du Hezbollah qui planifiait un attentat contre des intérêts israéliens.
L’enrôlement de troupes aguerries du Hezbollah en Syrie, aux côtés du régime de Damas, n’entre pas dans l’argumentaire officiel. Mais il a pesé lourd dans le consensus européen. Sur le champ de bataille, il permet au président Bachar el-Assad de tenir tête à un soulèvement que l’UE soutient, politiquement au moins.

Le Figaro - 22 juillet 2013


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