Kenya : la composition du commando de Nairobi scrutée à la loupe

L’attaque lancée samedi dans le centre commercial de Westgate à Nairobi s’est achevée, mardi 24 septembre, après avoir fait 67 morts, 63 disparus et 170 blessés. Elle a été revendiquée par les insurgés islamistes somaliens d’Al-Chabab, en représailles à l’intervention militaire kényane en Somalie. Pour le moment, l’identité des assaillants fait encore l’objet de spéculations. D’après les autorités kenyanes, cinq sont morts et onze suspects ont été arrêtés "pour interrogatoire".

Des Somaliens de la diaspora ?

Les listes qui circulent sur le Web – qui font état de 12 à 19 membres dans le commando – reprennent les noms publiés par le compte Twitter @HSM-PRESS2, désormais fermé, qui se revendique proche des Chabab sans en être la vitrine officielle.

La police kényane a déclaré lundi étudier des informations sur cette citoyenne britannique "impliquée" dans l’opération. Des otages ont, en effet, signalé la présence, parmi les terroristes, d’une femme "à l’accent britannique". Une donnée confirmée par la ministre des affaires étrangères kényane, Amina Mohamed, dans l’émission "Newshour", de la télévision américaine PBS.

Agée de 29 ans, Samantha Lewthwaite aurait déjà commis des actes terroristes similaires "à de nombreuses reprises", selon la diplomate. Elle serait notamment liée à l’attaque à la grenade dans un bar kényan fréquenté par les touristes lors d’un match de l’Euro 2012, qui avait fait trois morts.

Selon The Kenyan Daily Post, "la veuve blanche" serait née en Irlande du Nord, où son père était soldat, et aurait grandi à Aylesbury, dans le comté de Buckinghamshire, en Angleterre. Elle se serait convertie à l’islam pendant son adolescence et porte, depuis, un hijab noir. La jeune femme était enceinte de son deuxième enfant, quand son mari, Jermaine Lindsay, 19 ans, s’est fait exploser dans une rame de métro près de King’s Cross, tuant 26 personnes le 7 juillet 2005 à Londres.

Après l’attentat de 2005, Samatha Lewthwaite se serait enfuie du Royaume-Uni pour rejoindre, la même année, les chabab de Somalie. Elle est recherchée par la police kényane pour ses liens présumés avec une cellule terroriste qui a planifié des attentats à la bombe dans des villes côtières et touristiques du pays.

Selon la police, elle se serait cachée jusqu’à présent en Afrique de l’Est avec son second mari, le terroriste britannique présumé Habib Saleh Ghani, lequel se fait appeler "Oussama" et serait jugé "extrêmement dangereux". Mère de famille, elle élèverait son fils de 9 ans et sa fille de 6 ans dans le culte du djihad, selon des notes manuscrites retrouvées dans une maison qu’elle louait au Kenya. Elle aurait également eu un troisième enfant, un fils, dont on ne connait pas l’identité du père.

Les Chabab affirment pour leur part qu’aucune femme n’était impliquée dans l’attaque. "Nous avons un nombre suffisant de jeunes hommes totalement dévoués et nous n’employons pas nos soeurs dans de pareilles opérations militaires", ont-il expliqué.

Plusieurs Somaliens-Américains

D’après le Washington Post, les assaillants de Nairobi communiquaient en anglais. La ministre des affaires étrangères kényane a également évoqué la présence, dans le commando de Nairobi, de plusieurs Américains. Ce sont "de jeunes hommes, entre 18 et 19 ans [...], d’origine somalienne ou arabe, mais qui vivaient aux Etats-Unis".

Plus détaillées, les listes des assaillants mentionnnent des hommes venant des villes de Minneapolis et Saint Paul dans le Minnessota où vit une importante communuaté somalienne, de Kansas City, dans le Missouri, de Tucson, Arizona, et du Maine. Les Etats-Unis ont reconnu que plusieurs dizaines d’Américains se sont rendus en Somalie au cours des dernières années pour s’entraîner ou combattre dans les rangs des Chabab.

Une association des Chabab et d’Al-Qaida ?

Si l’identité des assaillants cités par @HSM_PRESS2 est confirmée, il y a fort à parier que la Chabab n’ont pas organisé seuls l’attaque, estime Dominique Thomas, chercheur à l’EHESS. "Il est très difficile de monter ce type d’opération et les islamistes somaliens n’en ont pas forcément la capacité. Ils ont pu bénéficier de facilitateurs de la nébuleuse internationaliste, d’une aide logistique de membres d’Al-Qaida", selon l’expert.

lemonde.fr - 24 septembre 2013


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